Les Conformistes

Surtout. Surtout. N'allez pas voir les Anarchistes si vous vous attendez à retrouver la subversion et la liberté du mouvement politique dans le film. Non, ça n'est définitivement pas un film anarchiste qu'on nous livre là. Au contraire: plat, aseptisé, constamment tapissé d'un éprouvé bleu nuit, le film peine à décoller malgré une évidente attention au scénario et à l'action. Alors d'accord, vous me direz que la forme du film ne doit pas forcément faire écho au propos et au fond. Je veux bien. Mais on était quand même en droit d'attendre un minimum d'originalité, surtout quand on voit les moyens mis en oeuvre pour une telle reconstitution d'époque (pas vraiment réussie d'ailleurs) et le casting appelé.
Avec toute la fine fleur du jeune cinéma français, l'équipe était, il faut l'avouer, bien armée pour nous emporter avec elle dans son projet.

Le pitch: un jeune gendarme est envoyé en mission d'infiltration dans un groupe d'anarchistes naissant. Pour lui, recueillir les infos et tromper ses compagnons quotidiens devient, bien entendu, de plus en plus difficile. Des liens se créent, les affinités se nouent; la cause l'envahit bien assez vite.

Mais des éventuels tiraillements du personnage nous ne connaîtront rien, car le réalisateur choisit de se concentrer sur le récit et l'évènement, plutôt que sur l'aventure humaine. Pourtant, quelle aventure!
Ce carré d'as d'interprète aura beau incarner plus ou moins génialement les rôles (c'est d'ailleurs le seul intérêt du métrage), rien n'y fera: aucune empathie n'est créée chez le spectateur, ce qui était pourtant le but ici j'imagine.

Voir des personnages ainsi s'agiter vainement dans l'espace narratif, pour des rôles si passionnels et incarnés (des anarchistes, quoi de plus viscéral?) c'est tout de même ce qui ressemble à un raté.
Dommage de rater le plat quand on a de si bons ingrédients.