Inédit dans les salles françaises, disponible en DVD PAL 11 ans après sa sortie US "Les anges de Boston" jouit pourtant d'une réputation flatteuse et grandissante sur la toile, encore un petit bijou injustement boudé par la distribution hexagonale ? Pas si sûr...
Les anges de Boston nous racontent la naissance, un peu par hasard, d'un duo de Vigilante Irlandais qui chasse les pires criminels de la ville avec des méthodes peu conventionnelles. En effet nos meurtriers sont plus proche des pieds nickelés que des Einsatzgruppen, une approche décalé avec son lot de personnages barrés, d'effets de mise en scène abusés et de dialogues alambiqués.
Une formule pas vraiment inédite et assez casse-gueule où Troy Duffy se voit bien en fils de Tarantino... mais les effets sont dosés avec la subtilité d'une décharge de chevrotine. Si certains dialogues sont sympa, si certaines scènes arrivent à être aussi marrante que spectaculaires (la ruelle du début, le passage dans les conduites d'aération) l'ensemble est parfois un peu trop poussif pour être vraiment honnête.
En clair le film passe un peu trop de temps à essayer d'être cool pour l'être véritablement.
La faute à un scénario un peu flottant où la légèreté de ton cache mal l'incertitude sur un discours de fond bancal. Difficile par exemple de prendre le tout pour une pure comédie alors que la séquence finale est un montage façon "reportage télé" d'anonymes sur les agissements des héros. Mais il est tout aussi difficile d'y voir un vrai regard sur la justice personnelle quand le film multiplie les personnages de clown.
Tantôt on croit que le film légitime la démarche des justiciers, tantôt on a l'impression qu'il s'en fout et que tout ceci c'est juste du fun... mais une fois le film fini on ne sait toujours pas trop sur quel pied il a voulu danser.
De son côté la réalisation s'évertue à proposer un style très explosif mais, là aussi, pas toujours très maitrisé. Au bout du 3ème gunfight en flash-back au ralenti on finit par comprendre l'astuce, merci.
Une tarantinade faiblarde ? Peut-être mais une tarantinade sauvée par certains de ses personnages. Le duo central tout d'abord avec leurs blagues potaches et leurs complicité palpable. Si leur côté poseur, rituel est là aussi un peu trop forcé (la mise en scène en fait des tonnes et parfois à tort) ils restent vraiment attachants et sympathique.
Mais il y a surtout le personnage de Willem Dafoe, en roue libre comme jamais. Un agent du FBI homosexuel aussi intelligent qu'il est pédant, n'hésitant pas à martyriser et rabaisser son entourage. Une sorte de super connard qui dégage cependant une sympathie indéniable, un personnage qui pète les plombs régulièrement et qui ne recule devant aucune extravagance. Si bien que chacune de ses apparition devient un pur moment de plaisir.
Loin de l'aura de perle injustement boudées qu'on lui prête souvent, Les Anges de Boston reste un film aussi foutraque et bancal qu'il est attachant. On passe un bon moment de détente régressive, un pur film pop corn pas honteux qui reste à découvrir pour la prestation euphorisante de Willem Dafoe, plus allumé que jamais.