Les angles rapprochés, la caméra embarquée, le découpage à la fois fragmenté, flou et bouillonnant, les couleurs saturées, les monologues rares et dispersés des personnages… tout nous immerge au coeur des abysses de la jeunesse hong-kongaise dont ce film est le narrateur. La frénésie des premières minutes est jouissive et nous embarque dans une forme de clip musical organique.
Malheureusement, si la claque visuelle est bien présente et constante, le fond du film est libre à interprétation, quitte à perdre un peu le spectateur au passage. C’était peut-être trop. Trop de mouvement, d’images. Certes, là est toute l'intention de Wong Kar-Wai, nous envoûter dans ces histoires sans fil conducteur, dans ce chaos techniquement très bien réalisé.
Mais quitte à ce que ce soit chaotique, autant dépasser la surface esthétique et entrer en profondeur dans la tête des membres de ce chaos, non ? J’aurais aimé davantage entendre les pensées de certains personnages, comme celui de Michelle Reis, la partenaire, qui était tellement charismatique mais finalement anecdotique. La relation entre Ho Chi-mo et son père est très touchante mais l'émotion est de trop courte durée.
Cependant, le visionnage de Fallen Angels, et sa B.O tout particulièrement, en valent la chandelle, notamment pour la prise de risque du schéma narratif.