Qu’il mette en scène du kung fu, de tueur à gage ou d’espionnage, Wong Kar Wai s’intéresse surtout aux relations amoureuse et à l’intime des personnages.
Ce film, voisin un peu sombre de Chungking Express, ne déroge pas à la règle. Le réalisateur filme avec une grand liberté une Hong Kong nocturne et sensuelle, sa caméra oscille invariablement autour des personnages avec un grand talent qui semble improvisé et fluide, se servant de différents effets techniques bienvenues (saturation de l’image, ralenti, flou, noir blanc…), il tourne autour des corps et les filme de manière a en faire émerger les sentiments sans un mot. Que ce soit le personnage muet qui s’agrippe aux passants, les scènes de masturbation, de téléphone ou de fusillade, les héros sont tous des ames solitaires en détresse dont les destins se croisent plus ou moins et qui essaient de se retenir les un les autres.
Son montage assez saccadé réussit à faire pétiller sous nos yeux un film nihiliste et absurde.
Quant à l’intrigue, elle évolue comme souvent dans ses oeuvres en de petites taches de récit impressionnistes qui finissent par nous donner une impression générale mémorable et hypnotique.
Les musiques choisies avec soin et que le réalisateur parsème avec intelligence, nous accompagnent dans l’univers curieux des personnages tous un peu fêlés et amoureux, jusqu’à jouer le rôle de messager entre les personnages quand Shirley Kwan chante « Wang Ji Ta » pour la partenaire du tueur.
C’est une poésie colorée et fantaisiste et pourtant mélancolique que nous livre le réalisateur.