Difficile de garder le moral quand on contemple en face les monuments d'abjection érigés par certains humains à des époques particulières de l'histoire. Ce documentaire met les tripes à l'envers tant le sort réservé aux captifs juifs du ghetto de Varsovie par les Nazis et les Polonais de concert (parfois sous la contrainte, certes) était indigne d'une espèce intelligente. Il n'y a pas à revenir sur les trésors de barbarie déployés par les monstres en uniforme, c'est un art en soi. Le biais de ce film remarquable consiste à mettre en avant dans le même temps la résistance héroïque des intellectuels juifs pris dans la nasse et vite convaincus de l'issue funeste inéluctable de leur confinement. A l'heure où la pensée est si malmenée au quotidien, il était plus que salutaire de mettre à l'honneur un petit groupe de personnes bien outillées intellectuellement, qui a entrepris de collecter, pour l'Histoire, la liste des infamies commises par leurs inhumains contemporains. Il y a de quoi se taper une dépression longue durée, honnêtement. Les images d'archive sont insoutenables, même si hélas les actualités continuent à nous abreuver de témoignages tout à fait semblables dans d'infortunés coins du monde. Les résistants du Ghetto ont constitué pour la postérité un réquisitoire accablant, qui a échappé à l'oubli à un cheveu, comme souvent. Des dizaines de milliers de pages poignantes et indispensables. Un catalogue de l'infamie. Une chute parfaitement documentée, qui n'humilie pas les victimes de sévices institutionnalisés mais bien les complices de ces traitements iniques. Un épisode qu'on aimerait mieux réécrire parfois mais que ces petites lettres serrées retrouvées au fond d'une cave sous une maison éboulée empêcheront de disparaître tout à fait. Pour notre édification à tous. La cruauté est un fléau, tapi dans bien des situations apparemment anodines. Ces témoignages peuvent nous aider à la démasquer.