Production un peu à part du studio Disney (le prince et la princesse ne sont pas humains), Les Aristochats est un dessin animé d'excellente facture qui souffre des impondérables défauts du studio : les personnages secondaires artificiels, l'intrigue cousue de fil blanc, etc. Néanmoins, l'hommage à la musique est véritablement réussi, donnant lieu à des scènes remarquables notamment avec la très sympathique chanson Tout le monde veut devenir un cat.
Et c'est un nouveau tiraillement qui s'opère : par moment côtoyant presque le sombre (la vieillesse esseulée sans son seul repère vivant animal ; la détresse des chatons quand ils apprennent qu'ils n'auront sans doute pas de père, finalement), l'univers a beaucoup trop tendance à sombrer dans la mièvrerie ridicule, portée par le personnage de Duchesse, exécrable au possible. Le doublage y est d'ailleurs pour beaucoup et n'épargne que peu de personnages : "Maman, j'ai très peur." Waouh, merci Marie, il fallait un oscar pour ce jeu d'acteur, vraiment. En revanche on retrouve avec plaisir Roger Carel qui double deux personnages à la fois, la souris Roquefort et le bigle Lafayette, donnant vie à des scènes croustillantes avec l'autre chien Napoléon poursuivant Edgar au rythme d'une musique endiablée. La scène dans laquelle Edgar revient chercher son chapeau et son pébroque et se cache dans une botte de foin m'a rappelé des fous rires d'enfant.
Et même si l'on perçoit clairement que ce dessin animé est orienté pour plaire à un public assez jeune, on ressent un plaisir certain à le regarder, ne serait-ce que pour l'hommage musical rendu au jazz. Les thématiques plus "adultes" (le choc des classes, l'éducation noble, la solitude de la vieillesse) sont trop maladroitement traitées pour retenir l'attention outre mesure et servent plus de prétextes qu'autre chose au déroulement de l'intrigue. Et si certaines punchlines sont appréciables ("C'est la guerre Napoléon : on ne peut pas toujours gagner !"), les dialogues souffrent de manière générale d'un manque cruel de travail de fond, n'étant bien trop souvent que des coquilles creuses.
Les Aristochats est donc un Disney qui peine à convaincre entièrement, même si l'on peut y trouver de belles choses, notamment dans la partition musicale.