Duchesse et ses chatons vivent heureux chez leur maîtresse, qui les aime plus que tout au monde. Malheureusement, quand Edgar, le domestique, apprend que Madame comte livrer tout son héritage à ses chats et qu’il n’en héritera pas une miette avant leur mort, décide d’accélérer les choses, en se débarrassant de ces derniers. Voilà Duchesse et ses petits livrés à eux-mêmes au milieu d’une nature qu’ils ne connaissent pas…
Dernier film mis en chantier par Walt Disney avant sa mort, Les Aristochats porte profondément en lui la trace du génie de l’animation. Réalisé par un vétéran du studio, Wolfgang Reitherman (Les 101 dalmatiens, Le Livre de la jungle), et librement inspiré d’une nouvelle d’Emile Zola (si, si…), on y retrouve tous les ingrédients d’un chef-d’œuvre de l’animation.
Sous la direction du grand Ken Anderson, présent sur les films du studio depuis Blanche-Neige et les sept nains, les animateurs dévoilent encore une fois toute l’étendue de leur talent, au travers de graphismes incroyablement variés, de la délicatesse de Duchesse et de sa maîtresse au délirant duo Napoléon/Lafayette, jouant à merveille sur l’élasticité de leur trait pour nous proposer un spectacle joyeusement cartoonesque, qui culmine dans les cultissimes scènes entre Edgar et les deux chiens. Un spectacle de tous les instants, et dont l’adéquation avec la musique aura rarement été aussi total dans les précédentes œuvres du studio aux grandes oreilles. Il faut dire que George Bruns nous compose ici une de ses partitions les plus cultes, aux sonorités délicieusement jazzy, parfaitement rehaussée par des chansons des frères Sherman, de Terry Gilkyson ou de Floyd Huddleston entrées dans la légende (qui ne connaît pas Tout le monde veut devenir un cat ?). Cette alchimie parfaite entre l’art sonore et visuel du film trouve bien entendu son aboutissement dans l’incroyable séquence du jazz à Paris, aussi poétique qu’électrisante, où le tourbillon sonore se mêle à un jeu sur les couleurs hallucinant pour nous offrir une des meilleures scènes jamais vues dans un Disney.
Mais si l’on devait faire la liste de toutes les scènes cultes que nous offre Les Aristochats, on n’en sortirait pas, tant chaque seconde de ce chef-d’œuvre regorge d’inventivité, d’humour et de génie. Formant un parfait hommage à l’immense artiste sans qui rien de tout cela n’aurait été possible, Les Aristochats est donc un émerveillement de tous les instants, et incarne parfaitement, encore à ce jour, toute la magie dont est capable un de nos studios d’animation préféré. S’il ne fallait choisir qu’un film d’animation Disney parmi tant de pépites, je dois bien avouer qu'il y a de fortes chances que mon choix se porte sur Les Aristochats…