L'un des choix de mise en scène les plus étranges (mais aussi un des plus amusants) durant le célèbre Let It Go fût l'introduction de Olaf. Personnage pourtant essentiel de La Reine des Neiges, le bonhomme de neige était complètement ignoré par la caméra, apparaissant juste dans le coin de l'écran, ne laissant le temps ni à sa créatrice ni au spectateur de faire attention à lui. Une décision augmentant l'hilarité lors de sa première manifestation, ni lui ni les autres ne comprenant qu'est-ce qu'il fiche ici alors que son rôle s'avérait d'une utilité différente de celle attendue, agissant comme une bonne conscience pour sa deuxième maman. Une question restait cependant en suspens, que s'était-il passé entre le moment de sa naissance et sa rencontre avec Anna, Kristoff et Sven dans la forêt? C'est à ça que désire répondre Les Aventures d'Olaf.
Sans aller jusqu'à dire que le personnage a connu une reconsidération auprès du grand public grâce à ses sketchs très remarqués dans La Reine des Neiges II, son potentiel comique lui a permis de créer l'événement sur la toile entre son récapitulatif parodique et son évocation d'une célèbre inconnue répondant au doux nom de Samantha. Cerise sur le gâteau, la websérie At Home With Olaf est particulièrement bien accueillie par les internautes, sortant pendant le confinement et proposant aux familles de se divertir chez eux avec le bonhomme de neige. De quoi remettre Disney en confiance après le lynchage médiatique de Joyeuses Fêtes avec Olaf. La coqueluche du studio peut à nouveau montrer sa bouille sans crainte d'un bad buzz et sa prochaine histoire, déjà prévue depuis 2019, atterrit sur Disney+ en tant que petit bonus pour les fans, tout comme La Vie en Lumière avant lui pour la saga Toy Story.
Pour son troisième court-métrage classique (Myth : A Frozen Tale étant à part), la franchise de La Reine des Neiges compte ici un épisode plus modeste. Pas d'ambition de réunir tous les personnages comme dans Une Fête Givrée (même s'ils ne sont jamais loin) ou de faire un mini-film avec la même formule condensée comme dans Joyeuses Fêtes avec Olaf. Les Aventures d'Olaf se veut le plus simple possible, racontant comment sa star découvre qui il est en une journée et demi là où nous pouvions croire que ses pensées étaient immédiatement implantées en lui. Trent Correy le connaît bien, ayant supervisé son animation dans le dernier film en date, et réalise avec Dan Abraham une origin story arrivant à éviter les incohérences (hormis quelques détails visuels) et à revenir à ce qu'était le comic relief à ses débuts. Sa sincérité et sa naïveté sont toujours là mais nous le revoyons plus enfantin et insouciant avec une certaine nostalgie.
Les réalisateurs lèvent le voile sur son étrange obsession pour l'été dans une scène absolument désopilante, les clichés qu'il se fait de la période estivale étant justement issus de clichés. En bon marchand de tapis qu'il est, Oaken se passe d'un baratin de commerçant et nourrit le stéréographe de photos pour satisfaire son client. Si la neige peut tomber en Juillet, alors un bonhomme de neige qui entre dans son magasin n'est pas plus improbable. On retrouve avec bonheur cet esprit bon enfant qui a fait le charme du premier film avec en prime des clins d'oeil glissés ci et là (le gag des anagrammes en référence à la banderole d'Une Fête Givrée, l'animation du réveil d'Olaf empruntée au deuxième opus, les héros qui longent sa route, parfois à une porte près), une course-poursuite dans les bois très bien animée ainsi qu'une jolie fin qui met en lumière la gentillesse innée chez le sidekick, capable d'attendrir le plus dangereux des animaux avec peu de choses, et lui permet de répondre à ses questions.
Mélange entre Doug en Mission Spéciale et Le Roi Lion 3 : Hakuna Matata, Les Aventures d'Olaf est un court-métrage mignon et attachant jouant beaucoup sur les souvenirs de La Reine des Neiges avec malice. La recette reste inchangée mais fonctionne toujours autant. Le savoir-faire des animateurs, le plaisir de renouer avec les couleurs du premier volet, les réorchestrations de Christophe Beck et un Josh Gad qui ne se lasse pas de son rôle garantissent la bonne humeur même pour 8 minutes.