Il faut parfois savoir mettre toute rationalité de côté avant de se lancer dans certains films, c'est le cas avec Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e Dimension, certes très barré mais ô combien sympathique.
Celui que l'on suit, c'est Buckaroo Banzaï (ils ont tous des noms bizarres, à l'image de New Jersey ou John Bigbooté), un docteur renommé, un guitariste à succès, un pilote d'essai ainsi qu'un scientifique (entre autre). En gros, il fait tout, et tout ce qu'il fait marche. Il va découvrir un moyen de passer dans la 8ème dimension, attirant ainsi des soucis à la Terre, ce qu'il va, avec l'aide de son groupe (Les cavaliers de Hong Kong), tenter de résoudre.
La première scène donne de suite le ton, ce fils d'un japonais et d'une américaine quitte son bloc opératoire où il exerçait brillamment pour aller tester un véhicule classé top secret, qu'il va détourner pour tester une de ses inventions lui permettant de traverser la matière, dans laquelle il va découvrir la 8ème dimension (qui est en fait une prison extraterrestre de la planète 10) !!
Bref, au moins le film ne tente pas de nous piéger, on sait déjà ce qui va nous attendre. Il ne suit pas la construction classique du film d'aventure, mais tente de nous faire accepter l'idée d'un monde où tout est possible. Une fois que l'on y adhère, on peut être prêt à suivre les aventures de Buckaroo.
On y trouve des idées en pagailles, comme la supercherie d'Orson Welles (sa Guerre des Mondes radiophonique) qui n'en serait pas une, Jeff Goldblum en neurochirurgien cow boy, l'histoire de Buckaroo avec la jumelle de son ancienne petite amie ou tout simplement tout un tas d'idées visuelles. D'ailleurs, si les influences remontent à plus loin, les années 1980 sont visuellement partout, tant dans le concept, la vision des extra terrestres, les costumes que la musique ou les comédiens.
D'ailleurs, ceux-ci ne déméritent pas, et ils se donnent à fond. On notera que les bons ont tendance à être sur un registre assez premier degré (ils ont accepté l'idée d'un monde ou tout est possible) comme Peter Weller ou Jeff Goldblum, alors que les méchants sont plus dans le sur-jeu, parfois même l'ironie, à l'image des intonations grandiloquentes de John Lithgow ou d'un Christopher Lloyd n'hésitant pas à user du doigt d'honneur.
Si l'histoire n'est pas aussi incompréhensible que sa réputation le laisse supposer, on regrettera tout de même quelques aspects, notamment des séquences d'actions qui ne fonctionnent pas (l'infiltration devait être un sommet de tension, c'est le contraire). On ressent aussi les différents entre les producteurs et les deux créateurs, notamment dans le changement en cours de tournage de la photographie ou un remontage qui montre des idées non exploités, alors qu'elles auraient dû l'être.
Cité par Spielberg dans Ready Player One et ayant inspiré de nombreux cinéastes directement ou non (de Zemeckis à Wes Anderson), Les Aventures de Buckaroo Banzaï trouve surtout ses sources dans la pulp culture. Là où les producteurs voulaient surfer sur le succès des productions de G. Lucas, les créateurs ont surtout chercher à concrétiser un projet remontant au début des années 1970, donc bien avant Star Wars ou Indiana Jones, et surtout le faire à leur manière, bien barré avec de nombreuses références.
Malheureusement, il n'y aura aucune suite, annoncée pourtant dès la fin du film juste avant un générique mémorable. Il n'aura pas marché, déroutant le public et bénéficiant d'une mauvaise promotion, avant de survivre grâce à l'amour porté par quelques geeks à l'époque.
(merci Xerxes !)