C'est l'histoire d'un surhomme...
Ce film m'a beaucoup manqué. Je l'ai retrouvé très récemment grâce à un newsgroup de cinéboulimiques à qui j'ai parlé d'une histoire de montagne traversée et donnant accès à une dimension parallèle, une histoire de 5ème dimension, etc. (merci à eux !)
Je l'avais vraisemblablement vu aux alentours de mes 9 ans. J'étais alors intéressé par les robots, la technologie et la science en général. Son thème m'a donc interpellé (une expérience scientifique liée à une dimension parallèle) et son traitement m'a beaucoup marqué. Loin de me rendre compte alors que j'avais affaire à un nanar potentiellement cultissime (bien que je n'avais gardé un souvenir que du début du film, ce qui, en revoyant le film aujourd'hui, ne m'étonne guère : il part totalement en c... et de plus en plus en allant vers la fin, par manque de budget certainement, voire d'idées ou d'efforts, ou que sais-je encore), je fus très impressionné par l'omnipotence du personnage principal, le bien-nommé Buckaroo Banzaï. Incarné par Peter Weller (Robocop), il s'agissait d'un :
- samouraï
- américain
- sauveur du monde à ses heures, avec sa fine équipe
- inventeur de génie
- neurochirurgien
- guitar hero, chanteur et leader d'un groupe de rock mondialement célèbre doublé d'une bande de fashion victims extravagants notoires (on notera d'ailleurs la participation de Jeff Goldblum, habillé en cowboy 80's rouge et blanc, avec les franges en cuir brillantes)
- romantique et gentil
Tout cela était dit, montré, suggéré avec peu de moyens mais beaucoup d'aplomb et, des années plus tard, j'ai été moi aussi :
- attiré par les inventions
- chanteur et guitariste leader
- attiré par les arts martiaux
- romantique et gentil
- vestimentairement attiré par l'extravagance
De plus, lorsque j'ai cru découvrir, en colonie de vacances, la chanson Since I don't have you par les Guns & Roses, que j'ai associée à une fille qui me plaisait alors, c'était une réminiscence de ce film : dans une des scènes phares (pour ses dialogues d'une mièvrerie époustouflante), le héros joue et chante cette chanson devant une femme qui ressemble trait pour trait à sa regrettée ex-femme (ayant vraisemblablement disparu... et le romantisme sous-terrain de ce personnage veut qu'on imagine aisément que ce soit elle, rendue amnésique lors d'un accident et réapparaissant ici par un coup du sort).
Je voudrais citer d'ailleurs une réplique culte qu'on entendait lors de cette séquence ouatée, pour resituer un peu l'ambiance : "Soyez pas méchants [avec cette pauvre fille qui pleure dans son coin]. Parce que quand vous êtes méchants, à la fin, il ne reste que vous." Belle morale !
En pensant à tout ce potentiel nanardesque (en particulier pour les dialogues et les costumes), je me dis que l'équipe devait savoir que rien de tout celà n'était sérieux, que c'était du grand n'importe quoi (bien que, contrairement à l'acteur principal du Pacte des loups, Peter Weller ne souriait pas comme un âne, ce qui l'a d'ailleurs rendu antipathique à plus d'un...). Pourtant, il va sans dire que pour moi enfant, rien n'était plus sérieux et fantastique. Je ne suis pas "bon enfant", mais quand je repense à ce film (tout comme à Appelez-moi Johnny 5 d'ailleurs), je me souviens clairement de mon émerveillement de l'époque. Insouciance de l'âge ou de l'époque ? Scénario patchwork marketing tourné avec conviction et jubilation ? Allez savoir. En tous cas, ça me hante. Rien ne m'a fait cet effet récemment, à part peut-être Avatar en 3D (ou plutôt le rollercoaster 3D d'Avatar - cf ma critique de ce film).