Coutumier de cuisants échecs commerciaux qui trouvèrent leurs lettres de noblesse par la suite, Carpenter a, suite à The Thing sur lequel il a tout donné, embrayé sur Big Trouble in Little China, plus modeste en termes de productions mais pas en terme d’inventivité et d’avant-gardisme.
Kurt Russell est Jack Burton, un routier beauf qui voit son camion embarqué dans une guerre ancestrale entre gangs mystiques chinois dans les bas-fonds du Chinatown de San Francisco. Il n’y bite rien, et nous non plus, tandis que Big John nous livre sa version de l’isekai où le “héros” (notez bien les guillemets) comme le spectateur sont plongés dans l’univers du cinéma asiatique où les attendus occidentaux sont balayés d’un revers du talon. Une lettre d’amour au wu xia et à la castagne made in HK dans un univers barré, drôle et jouissif où se côtoient guerriers baudruches, princesses aux yeux verts, et sorciers évanescents lanceurs d’éclairs dans une esthétique résolument camp.
Everybody relax, I’m here
Burton balance les punchlines dans une succession ininterrompue, et se présente comme le baroudeur qui va sauver la situation. Le héros américain des 80s par excellence. Sauf qu’il n’en branle pas une et se contentera de suivre Wang et les autres qui feront tout le boulot tandis qu’il commentera par derrière. Le cinéma américain en désarroi face aux idées orientales, ne peut que se contenter de lancer des remarques second degré sur un spectacle qui lui échappe. Trop d’idées folles, de voies ouvertes vers un futur possible pour Hollywood, qui expliquent la bombe que fut le film au box-office.
Le film est désormais culte, comme beaucoup d’autres de Carpenter, et le coup de vieux qu’il a pris sur ses effets ajoute une couche kitsch délectable qui accentue sa tonalité éclatée. Le cinéaste semble condamné à “l’Enfer de ceux qui ne rencontrent pas leur public en temps et en heure”.