Chef d'oeuvre du genre, ces Aventures de Robin des Bois sortent du lot pour de multiples raisons et sont, pour moi tout au moins, la version de référence du personnage et de ses compagnons.
Le séduisant Robin de Locksley, noble saxon, s'oppose au Prince Jean et à son âme damnée Guy de Guisbourne en l'absence du Roi Richard Coeur de Lion, parti pour la croisade.
Touché par la souffrance des pauvres d'Angleterre, saxons ou normands, il vole aux riches pour donner aux pauvres tout en réunissant la rançon du roi retenu par Léopold d'Autriche. Il en profite pour tomber amoureux de la charmante Lady Marian Fitzwalter, noble normande, pupille de Richard et forte tête.
Voilà, c'est tout et il n'y a pas besoin de plus.
Michael Curtiz et Walter Keighley construisent sur cette trame classique et simple l'un des films d'aventure les plus réjouissants qui soit.
On suit avec le sourire aux lèvres les tribulations de Robin et ses joyeux compagnons dans une forêt de Sherwood plus vraie que nature. La mise en scène est dynamique (Curtiz retournera quelques scènes d'embuscade pour dynamiser la réalisation de Keighley, plus sage).
Les combats sont bien orchestrés, l'humour savamment dosé, la romance, certes rapide, est crédible et les méchants sont parfaits.
Outre un technicolor absolument superbe (jamais les verts n'ont été aussi verts etc ...), la musique est parmi les meilleures du genre, composée et orchestrée par le grand Erich Wolfgang Korngold. En effet, compositeur d'opéra plus que de film, Korngold se sert de la musique comme d'un personnage qui raconte sa propre histoire en sous texte plus que comme une illustration. Par exemple, lors de la scène où Robin et Marian se disputent dans le camp à propos des agissements hors la loi du premier, la musique, elle, est romantique, mettant en avant les sentiments naissants des protagonistes sans ajouter de sirop sur une scène déjà sirupeuse plus tard. Du grand art.
La musique est aussi pétaradante quand il le faut ou épique et le thème de la bande à Robin est une joie à écouter, transcrivant à merveille l'amitié et la camaraderie du groupe.
Le film baigne dans une douce lumière, peu vraisemblable en Angleterre (en tout cas pas aussi souvent), les décors sont tirés de gravures de contes de fées : Robin des Bois est une légende et pas un film historique.
La distribution est ..... parfaite. Je n'imagine pas d'autres acteurs.
Errol Flynn, alors nouvellement adoubé héros de cape et d'épée après le succès surprise de "Captain Blood", campe un Robin charmant et charmeur, d'une grande bonté mais non dénué de fantaisie et d'humour. Personne d'autre ne porte aussi bien la tunique courte et les collants moulants verts. Il est beau, il est grand, il est athlétique et c'est un bon acteur.
Il forme un couple harmonieux avec Olivia de Havilland, comme dans "Captain Blood" et bien d'autres à suivre. Elle donne à Marian sa beauté indéniable mais aussi sa vivacité et son intelligence. Elle insuffle à son personnage également une force dont sont parfois dépourvues les héroïnes médiévales.
Face à eux on trouve Claude Rains en gluant Prince Jean : fourbe, manipulateur, une sorte de parrain de la mafia qui ne se salie jamais les mains.
Pour cela, il a Basil Rathbone en Guy de Guisbourne, ennemi presque systématique de Flynn. Guisbourne n'est pas dénué d'intelligence mais son complexe de supériorité lui est fatal.
S'ajoute à cela Eugene Palette, plus vrai que nature en Frère Tuck, Alan Hale en Petit Jean (rôle qu'il a joué 3 fois dans sa carrière, un record), Melville Cooper, adorable (étrange je sais) Sheriff de Nottingham, Una O'Connor en dame de compagnie adepte du flirt et bien d'autres.
Mention spéciale au duel Robin/Guisbourne en fin de film qui est non seulement bien construit mais passe par tous les passages obligés du duel de cinéma et se permet au passage quelques jeux d'ombres pas désagréables.
Chacun de ces ingrédients composent un savant mélange qui a un goût de définitif. Une mayonnaise qui prend tellement bien que toutes les autres semblent fades et molles.