Blanc-sec et sans vaseline
Luc Besson a montré il y a quelques mois l'étendue de son "talent" avec un Lucy qui repoussait les limites de la connerie à chaque nouvelle seconde de ce film imbuvable. Et c'est armé de ma gueule de bois, résultat d'un Nouvel An intense, que je me lançais alors devant Adèle Blanc-Sec en tentant de me débarrasser de mon cerveau (de toute façon il était inutilisable). Mais je me suis quand même senti violé de nouveau. Quelle purge grands dieux, quelle purge. J'ai rarement vu de film qui se plantait autant sur toute la ligne. Déjà qu'est-ce que c'est moche. Ce Paris du début du XXème siècle est en toc, ça ne dégage rien, aucune ambiance, rien. Combiné à des effets spéciaux qui ont 20 ans de retard et des maquillages grotesques et paf, on se croirait au carnaval. Besson, animé par l'ambition de faire un cinéma populaire et spectaculaire, se vautre de façon incroyable et rate le coche comme jamais. Jamais ce film ne parvient à dégager une quelconque émotion, je n'ai fait qu'osciller entre irritation et rire de moquerie tout en conservant tout le long un ennui grimpant crescendo face à ce spectacle pathétique.
Parce qu'on ne peut pas dire que le film ait un réel intérêt nanar tant il s'éternise et endort plus qu'autre chose. Besson ne sait définitivement pas manier l'humour. Il suffit de voir l'interminable séquence de la prison où la même scène se répète plusieurs fois. Tu as compris où Besson voulait en venir au bout de 30 secondes mais la séquence dure presque 10 minutes, signe d'un cruel manque de génie comique. Celui est pourtant présent mais très rarement. Et surtout involontairement. La scène du tennis censée être la plus forte émotionnellement n'a fait que déclencher un rire tellement c'est lamentable. Il faut la voir pour y croire. Tant de cabotinage, de répliques hors-sujet, d'absence de conviction. C'est une leçon à passer à tous les apprentis acteurs et réalisateurs: Voici ce qu'il ne faut surtout PAS faire! Puis les répliques sont juste lamentables dans l'ensemble. Sans compter que Besson, cinéaste le plus subtil qui soit, ponctue chacune d'elle par une petite musique désuète afin d'appuyer l'effet comique. Fallait-il encore une preuve de la vulgarité de ce film...
Sans compter que le côté "extraordinaires aventures" est plus que mensonger. Les rares escapades du personnage principal (qui est au demeurant insupportable) se font dans des univers en carton-pâte qui puent tellement le studio qu'on ne peut pas y croire une seule seconde. Besson a oublié tout sens de la mise en scène en faisant ce film, c'est hallucinant. Il arrive quand même à filmer Louise Bourgoin nue sans que ça éveille de désir, c'est dire! Tout est raté dans ce film. Ça se veut caustique via un personnage d'Adèle qui a la réplique cinglante facile mais aucune ne fait mouche. Car Bourgoin joue mal, car l'univers est en toc, car c'est écrit avec les pieds. On assiste en fait à un simili-Indiana Jones version boobs mais on n'y croit pas. Car Besson met trop de distance dans son récit sans donner d'épaisseur aux personnages. On assiste alors à une succession de péripéties sans réels enjeux, sans scène stimulante. On s'approche du non-cinéma total même si on ne peut pas nier les quelques idées que Besson a pu vouloir développer. Mais vu qu'il le fait mal... En bref un spectacle lamentable à oublier définitivement. Luc Besson est bien la plus belle arnaque du cinéma français.