Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec par TheScreenAddict
Dans le nouveau Besson, tout est bon ! Invités dès les premières images à laisser notre raison au vestiaire, on s'abandonne avec jubilation à un vrai délire de cinéma, un pur objet de fantaisie burlesque. Nous sommes en 1912. Adèle Blanc-Sec, journaliste-écrivain de son état, ramène d'Égypte ce qu'elle croit être la momie du médecin particulier de Ramsès II. Avec l'aide d'un scientifique génial qui vient de faire éclore un ptérodactyle en plein Paris, elle compte bien ramener la momie à la vie dans le but de sauver sa sœur, devenue un légume depuis un fâcheux accident de tennis.
L'histoire est farfelue, assumée comme telle avec un enthousiasme communicatif. D'une séquence d'ouverture égyptienne, à la fois clin d'œil au Cinquième Élément et hommage spectaculaire aux Aventuriers de l'Arche perdue, jusqu'aux tribulations parisiennes d'une galerie de personnages hauts en couleurs, le plaisir est permanent. D'une insolence pétillante mais criblée de failles, Louise Bourgoin crève littéralement l'écran, toute en piques savoureuses, audaces de jeu et tendresse. Son Adèle devient en l'espace de presque deux heures un personnage instantanément culte du cinéma de genre français, une figure d'aventurière téméraire et fragile qu'on n'est pas près d'oublier. A ses côtés, Gilles Lellouche campe un policier grassouillet qu'on croirait tout droit sorti d'un roman de Balzac ; Mathieu Amalric, méconnaissable sous son maquillage monstrueux, devient une sorte de cousin lointain de l'infâme René Belloq, ennemi juré d'Indiana Jones ; Jean-Paul Rouve est irrésistible dans son rôle de braconnier mijoré à la pâleur et aux cernes improbables.
Petite merveille graphique photographiée avec goût par le fidèle Thierry Arbogast, agrémentée d'effets spéciaux étonnants, portée par une superbe composition d'Éric Serra, Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec est un modèle de divertissement populaire, au rythme idéal, techniquement très abouti, élégant et léger. D'une sincérité à toute épreuve, Besson signe une authentique expérience de cinéma, respectant son spectateur et jouant avec lui comme peu de réalisateurs savent le faire à l'heure actuelle. Face à l'insultant ratage du Choc des Titans, c'est une réelle consolation, qui mérite d'être saluée, reconnue. On en redemande !