Le triomphe populaire récent du jeu vidéo de Bethesda (Indiana Jones et le Cercle Ancien), adapté de la saga de Georges Lucas et Steven Spielberg, était l’occasion rêvé pour l’Écran Barge de s’intéresser au penchant bis de l’homme au fouet. Non, nous ne parlons pas de son confrère de chez Disney, Benjamin Gates (Nicolas Cage), dont les pérégrinations l’ont menées à embrasser une nouvelle carrière dans le cinéma indé-bis. Il ne s’agit pas non plus de notre ami Jack Burton (Kurt Russel), ce camionneur beauf et mytho racontant à qui voulait l’entendre qu’il avait sauvé Chinatown des griffes d’un Fu Manchu diabolique.


Vampires, vous avez dit Vampires ?


Michael Douglas (Rick Colton dans À la poursuite du diamant vert) avait d’autres chattes à fouetter, Brandan Fraser (Rick o’ Connel dans La Momie) s’était coincé le dos, et Tom Selleck (Patrick O’Malley dans Les Aventuriers du bout du monde) avait fini alcoolo après avoir passé sa vie dans l’ombre d’Indy à branler son magnum (le rôle d’Indiana Jones lui fut à l’origine proposé mais il refusa en raison d’un conflit d’emploi du temps). Le choix ne pouvait donc se porter que sur le petit-fils du plus célèbre des aventuriers-explorateurs-anthropologistes, et plus si affinités. Son nom : Chris Quatermain.


Thomas Ian Griffith avait la lourde tâche de succéder à Richard Chamberlain après Les Mines du Roi Salomon, et La Cité de l’or perdu. Si le talent saute souvent une génération, le petit-fils a donc hérité des meilleures compétences de son grand-père : son esprit de déduction, ses mandales, et son charme de buffle. À vrai dire, l’acteur remarqué pour son rôle de Valak dans Vampires de John Carpenter ne s’en sort pas si mal, s’attirant la sympathie du public grâce à sa personnalité haute en couleur. Euphorique et hyper actif, l’aventurier sous Ritaline ne peut jamais s’empêcher de faire le fou-fou à l’écran, participant à l’ambiance décomplexée de ce feel-good movie digne d’un épisode de Dora l’exploratrice.


Rick Quatermain se rend donc en Turquie sur les traces du légendaire trésor d’Alexandre le Grand, caché quelque part dans un obscur recoin caverneux que nul n’avait découvert ; avant lui bien entendu… Accompagné de son fidèle sobriquet et d’une exploratrice teutonne, les aventuriers auront fort à faire pour déjouer les plans de l’infâme gangster Lorenzo qui compte bien mettre la main sur le magot. Mais le chemin du vertueux est semé d’embûches et de pièges mortels. Courses-poursuites, infiltration, chasse au trésor, fusillades et combats d’art martiaux sont au programme de ce pastiche bis d’Indiana Jones.


Les Aventuriers de chez Wish


Malheureusement, la magie ne prend jamais dans ce voyage envahi de pondérables et de clichés vus mille fois. Le réalisateur Mark Roper, coutumier de l’industrie du DTV, ne fait rien de son histoire, préférant s’égarer dans une nature morne et austère n’ayant rien de très dépaysant. Ce registre pourtant si fertile au fantastique et aux décors somptueux se limite ici à un simple mirage.


Le film d’aventure est par essence un genre dispendieux, requérant des environnements exotiques, arides ou montagneux, des séquences d’action ébouriffantes, des rebondissements narratifs, des courses-poursuites haletantes, ainsi qu’un héros au charisme identifiable. Bref, tout ce que le consortium de production (France Films, Filmstudio Bojana, Prophecy Entertainment, Tower of London Productions) ne pouvait décemment offrir à cette petite entreprise tournée en Bulgarie pour moins de 5 millions de dollars.


Les références à l’univers de Lucas et Spielberg abondent, d’une réplique anodine («sa place est dans un musée») à la police utilisée pour le DVD du film, jusqu’au féroda vissé sur le crâne du héros. L’introduction dans l’Orient Express lance l’intrigue sous les pires auspices, avec ses bisbilles dans les couloirs et son poker menteur aussi dynamique qu’une partie de canasta en Ehpad. À l’instar d’Indy, Rick Quatermain se travestit pour subtiliser un plan dont le X marque l’emplacement du butin. Déguisé en Cheik arabe, le numéro d’un mauvais goût absolu fait dériver le film rapidement vers le nanar vaudevillesque.


La course-poursuite dans la pampa entre un camion et une cohorte d’ouzbeks à cheval évoque brièvement la séquence mythique du panzer allemand d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, sans le découpage technique brillant d’un Spielberg, qui lui savait utiliser sa caméra. La mise en scène télévisuelle ne permet jamais d’insuffler un quelconque sentiment épique. Les scènes d’action filmées en gros plan et handicapées par de nombreux cuts rendent la gestion de l’espace particulièrement confuse et les combats totalement chaotiques.


À toute épreuve


L’intrigue se contente de suivre les sentiers touristiques, moins dangereux et plus balisés, offrant le confort d’un voyage que le réalisateur est au moins certain de mener à bon port. Les Aventuriers du Trésor perdu ne produit aucun mystère ni fantaisie, privilégiant les empoignades musclées à l’évasion et à la découverte. Dans ces conditions, l’ascension d’une colline escarpée s’apparente à une piteuse randonnée pédestre.


L’épreuve finale réservant habituellement une série de chausses-trappes aussi effroyables que spectaculaires, se limite ici à de la bricole : quelques cailloux sur lesquels le héros devra marcher comme sur des œufs, puis éviter les flèches d’une statue afin d’atteindre le fastueux trésor caché dans une vieille grotte moisie. Une épée, un casque et un bouclier dorée. Pas vraiment l’idée que l’on se faisait du butin promis par le synopsis. Faute de secousse, de morceaux ambitieux et de péripéties inspirées, le public finira par s’ennuyer poliment, s’accordant un petit roupillon avant de retourner casser du fasciste au Vatican, dans la peau du plus célèbre des aventuriers.


Si toi aussi tu ne te retrouves plus dans l’état de déliquescence actuel de notre société et que tu considères que le monde a besoin de héros, qu'ils soient violents, gros, cons ou attardés mentaux... L’Écran Large te fera passer de zéro à héros, car il suffit d'un collant et d’un peu de matière grise pour changer de peau !

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le 13 janv. 2025

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