"Something like spending a great deal of time going through a madhouse."

D'un point de vue historique, c'est un film très intéressant. Anatole Litvak raconte l'émergence des mouvements nazis à la fin des années 30... aux États-Unis, à 6 mois du début de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où l'opinion publique américaine est majoritairement contre l'engagement du pays dans un conflit guerrier. Très intéressant car le contexte de production renseigne énormément sur les forces en jeu à l'époque, les ficelles économiques tirées pour empêcher ce genre de film antinazi de sortir, la frilosité des studios qui en découle, et avec le recul l'étrangeté de voir un pays comme les États-Unis timide à l'idée de désigner l'Allemagne comme le plus grand ennemi qui soit.


"Confessions of a Nazi Spy" est un des premiers films de propagande ouvertement antinazis, basé sur des procès ayant eu lieu à la fin des années 30 concernant des réseaux d'espionnages de grande envergure sur le sol américain. Et au final, on remarquera que les années 40-50, une fois la guerre terminée, représentera une très longue pause en matière de cinéma politique, l'industrie hollywoodienne reprenant le flambeau sans doute vers les années 60 avec les luttes pour les droits civiques ou l'opposition aux guerres impérialistes. En tous cas, le film sort juste après l'invasion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie et il est loin de faire l'unanimité du point de vue du discours.


Pour le reste, la dynamique du film et la profondeur du discours ne sont pas brillantes. Dans un premier temps, on est en immersion dans les groupes appartenant à la fédération germano-américaine qui recrute de plus en plus de membres, qui se structure, qui essaie de se développer avec son idéologie sur le territoire états-unien. C'est bien sûr rempli de clichés (au sens neutre du terme). Ensuite, le personnage de l'enquêteur du FBI Edward G. Robinson entre en scène, et c'est le début de la fin, déjà : en fait, il identifie très vite tous les suspects, ces derniers passent aux aveux sans trop de difficultés, et accusent en série le prochain coupable d'espionnage... C'est très peu engageant, pauvre du point de vue de la tension, et uniquement là pour semble-t-il motiver les troupes et persuader les Américains de sortir de leur neutralité. En tous cas un film d'une importance capitale dans l'histoire de la propagande cinématographique.

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le 28 mars 2023

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Morrinson

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