La censure que subit ce film de Mocky, télévision et cinéma (hors la salle que possède le cinéaste), scandalise évidemment son auteur. Dans les bonus du DVD des "Ballets écarlates", on trouve à ce sujet les interviews pathétiques d'un Mocky limite parano et de son actrice principale (et compagne), désarmante et involontaire figure à la Deschiens. Bien peu lucides l'un et l'autre sur leur création, que le public, selon eux, aurait accueilli avec une ferveur admirative (!), le premier ose évoquer un "mélo flamboyant", la seconde une sorte de chef-d'oeuvre maudit...
"Les ballets écarlates" sont un très mauvais film, mais peut-être pas plus médiocre que certaines oeuvres du cinéaste lorsque celui-ci se complait, sur le fond comme sur la forme, dans la caricature grossière, la désinvolture, l'à-peu-près jusqu'à l'insignifiance. Sans doute ce film qui traite de la pédophilie et des réseaux de notables n'aurait, en d'autres temps, soulever qu'indifférence et dédain. Mais, juste après la pénible affaire judiciaire d'Outreau, le pamphlet grotesque , artistiquement et intellectuellement, de Mocky apparait pour le moins déplacé, complaisant et vain.
Faute d'y être dirigés, les comédiens et personnages sont ridicules, tout autant que la mise en scène rudimentaire et que ce scénario simpliste, tout en clichés populistes et anti-bourgeois, qui enfonce des portes ouvertes. On sourirait devant cette maladresse toute "mockyenne" si le sujet n'était pas si sensible. D'autant que je soupçonne Mocky, anar et Don Quichotte, d'être moins affligé par la pédophilie en soi que par l'impunité des politiciens, des magistrats et autres bourgeois repus s'adonnant aux ballets bleus et roses, et qu'il finit par
flinguer sans réserve ni jugement à la mitraillette.
Bien fait pour eux. Et en plus ça flatte le populo (ou le complotiste).
Mais parce que Mocky est Mocky, trublion indispensable et attachant, il lui sera pardonné.