Nous voici dans une de ces banlieues pavillonnaires typiques des films et séries outre-Atlantique, avec leurs pelouse bien rasées, leurs rues calmes et le gamin à vélo qui livre le journal chaque matin. On a tous subi cela à longueur de films depuis des décennies, ces quartiers définis comme le sommet de l'american way of life. Seulement, là, les voisins sont vraiment bizarres. Déjà, leur nom est pas normal : ils s'appellent les Klopec (mais on les surnomme "Les Huns"). Et puis, ils ne sortent jamais. Leur gazon n'est pas entretenu. Leur maison tombe presque en ruines. Et surtout, pire que tout, chaque nuit, il y a de drôles de bruits et de lumières qui sortent de leur cave.
Alors, forcément, les rumeurs vont bon train. On n'aime pas trop ceux qui ne se comportent pas "normalement". Certains assurent qu'une étrange odeur s'échappe de leur maison. D'autres affirment que leur ancien logement a brûlé de fond en comble.
Les banlieusards, eux, sont tous des exemples de normalité : il y a un vieux militaire (incarné par Bruce Dern, qui vient de recevoir un prix à Cannes pour Nebraska, d'Alexander Payne) qui, chaque matin, monte les couleurs et qui vit avec une bombe sexuelle (elle pourrait être sa fille et elle attire tous les regards masculins des environs). Il y a le vieux qui envoie son chien déféquer chez le militaire. Sans compter le boulet envahissant et parano qui flingue les oiseaux et vide les frigos.
Joe Dante s'amuse. Il fait vivre toute une communauté de tarés renfermés sur eux-mêmes, et il en profite pour faire une petite parodie de films d'horreur. Mais surtout il attaque et démonte point par point toute l'American Way of Life, poursuivant le joyeux travail de sape commencé dans Gremlins (et qu'il continuera dans Gremlins 2 et l'excellent Small Soldiers). Attaque contre ces banlieues habituellement présentées comme des havres de paix et de vie en communauté. Attaque contre la télévision, qui constitue le seul divertissement et joue sur les peurs. Attaque contre l'immaturité d'une bonne partie de la population masculine.
Le film est loin d'être parfait : on y trouve quelques défauts. Une volonté d'en faire trop (mais Dante fait rarement dans la finesse). Une double fin qui n'est pas convaincante (mais il fallait bien finir le film, et manifestement Dante n'avait plus la moindre idée à ce moment-là).
L'ensemble constitue un très bon divertissement, drôle, rapide et mouvementé.