Avec son premier plan passant d'une vue globale de la planète vers ce quartier de banlieue, Joe Dante annonce la couleur: le microcosme de cette banlieue américaine typiquement eighties a valeur de démonstration universelle.
The Burbs sera une satire virulente de la vacuité de l'american way of life de cette fin des années quatre-vingt sous l'administration Reagan.
Du ridicule du règne de l'apparence et de la conformité illustré à travers l'obsession pour leur gazon des habitants de cette banlieue tranquille où toutes les maisons se ressemblent, en passant par une critique de la paranoïa à travers ces citoyens qui se voudraient enquêteurs, mais ne sont qu'un comité de vigilance de quartier, et finissent par fouiller les poubelles à même le camion, enfoncé jusqu'au genoux dans leurs propres déchets. De l'obsession religieuse de l'Amérique voyant des satanistes partout au spectacle si désolant qu'offre ces américains moyens qu'il pousse Ricky à inviter des amis pour y assister (pouvant presque anticiper le spectacle tout aussi désolant de la médiocrité ordinaire qu'offre désormais la télé-réalité). Des portaits peu flatteurs de ses personnages principaux, tous représentant une société americaine devenue le cliché d'elle même, au voyeurisme malsain emprunt de méfiance vis à vis de tout ce qui diffère de ses habitudes. Tout y passe, donc, et Joe Dante de tirer à boulet rouge sur l'Amérique de Reagan avec ce qu'on devine être un certain plaisir.
On peut également y voir le reflet d'une Amérique toujours prête à voir l'ignominie chez les autres sans jamais être capable de se remettre en question. C'est donc un miroir déformant que tend Joe Dante à son pays. Le monologue de fin de Ray Petersen fustigeant sa propre attitude et celle de ses comparses par rapport à ses étranges voisins est d'ailleurs l'illustration littérale du propos du film. On pourrait même y voir en poussant un peu une double satire de cette fin de guerre froide, les Klopek (c'est slave n'est-ce pas? ) representant les soviétiques (qui ont certes quelques cadavres dans le placard et sont loin d'être irréprochables) et les habitants du quartier étant les indignes représentants d'une société américaine en perte nette de repère et baffouant les libertés au profit d'une surveillance qu'on ne peut encore une fois que qualifier de paranoïaque.
Au delà de l'aspect tout à fait réussi de sa satire, le film de Dante nous sert une comédie pas désagréable, mais manquant souvent d'un petit truc pour la faire passer au niveau supérieur. On ne s'y claque pas les cuisses, même si on sourit souvent aux pitreries de cet étrange échantillon d'humanité.
The Burbs reste un film sympathique rempli des thématiques habituelles de Joe Dante, mais qui ne parvient pas tout à fait à se montrer à la hauteur de ses ambitions.
Reste que le spectacle vaut quand même la peine d'être vu et s'inscrit dans la continuité de la carrière d'un réalisateur qui aime plus que tout mettre du désordre dans des univers aseptisés quitte à parfois y aller avec des gros sabots.