"Chaque fois que j'ai demandé aux acteurs ayant participé aux comédies navrantes "quel est le plus mauvais réalisateur avec lequel vous avez tourné ?", le nom de Francis Rigaud revenait en permanence."
Jean Ollé-Laprune
Il est vrai qu'à part le scénario des "Moutons de Panurge" de Jean Girault (comédie satirique plutôt réussie) il n'y a rien à sauver dans la filmographie de ce monsieur. "Les baratineurs" en est un bon exemple. C'est une comédie bourrée d'excellents comiques de cabaret comme on en faisait beaucoup à l'époque. Rigaud et son scénariste Claude Viriot semblent avoir écrit cette histoire sur le coin d'une table après une soirée bien arrosée, avant de la confier à Albert Simonin pour qu'il la dialogue.
L'auteur de "Touchez pas aux grisbi" ne se foule pas. Certes on a quelques répliques marrantes ici où là mais trop peu, et difficile de dire si on les doit au dialoguiste ou si elles ont été improvisées par tous ces comédiens fantaisistes. Et en parlant de fantaisie, c'est un peu ce qu'on attend quand on lance ce genre de film. On s'attend à un support pour les numéros de tous ces acteurs. Darry Cowl et Francis Blanche, Jean Poiret et Michel Serrault, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Pierre Tornade, Michel Galabru, Pascale Roberts, Jean-Roger Caussimon, Max Montavon, Jean Droze, Jean Tissier, autant dire qu'on nous met l'eau à la bouche !
Seulement le film est tellement bâclé et réalisé à l'économie que tout ce beau monde est au plus bas de sa force comique. Je ne compte pas le nombre de scènes où je me suis dis qu'ils auraient pu refaire la prise pour que ça soit plus efficace. Il manque aux acteurs cette liberté de création qui sauvait certains films de Jean Girault ou de Guy Lefranc. Ici on les sent pressés, forcés d'emballer les scènes le plus vite possible. C'est typique du film désolant: dans un vide abyssale on suit une compilation de gags vus un million de fois, de Francis Blanche qui se coince la main dans un vase à Roger Pierre qui se ramasse le nez dans un gâteau à la crème.
J'attendais un peu de délire à la poursuite de fin, mais non que dalle. Ce sera vite oublié.