Les Bas-fonds new-yorkais par busterlewis

Samuel Fuller est connu pour ses films noirs plutôt violents et brutaux. Chez lui, chaque coup donné est ressenti avec puissance.

Dans Underworld USA, Fuller, qui a toujours cherché à sonder l'âme humaine, filme une histoire de vengeance. Un garçon, élevé par son père pour être un voleur, voit ce dernier se faire tabasser à mort par quatre individus. Mais au moment des faits, il ne voit que quatre ombres. Dès lors, il n'a plus qu'un seul objectif, découvrir qui sont ces quatre hommes et les tuer.

Le personnage principal, Tolly Devlin, est incarné par Cliff Robertson. Il poursuit son idée de vengeance encore et toujours, et n'hésite pas à manipuler les bons comme les mauvais pour parvenir à ses fins. Et c'est certainement la détermination du héros qui fait de ce film noir un film différent des autres du genre. Fuller place dans son long métrage les codes et personnages clefs de ce genre de films: la blonde pulpeuse sauvée par le héros, l'homme de main, les caïds, le flic corrompu et le flic qui rien n'arrête. Tous les personnages du film noir sont là. Trahison, coups bas, chantage, meurtres horribles. Underworld USA remplit le cahier des charges à merveille. Mais Fuller développe la psychologie de Devlin. Ce dernier donc, par ses agissements, fait sortir le film des sentiers battus.

En effet, Devlin, qui se fait embaucher par l'un des caïds dont il veut la mort, fait tout pour se faire bien voir par ce dernier, en même temps qu'il traite avec le flic en charge de l'affaire. Mais s'il magouille, s'il vole des documents et lance de fausses informations, c'est dans le seul but de voir crever les salauds qui ont tué son père. Il a l'occasion de faire du zèle et de faire tomber le big boss, mais il n'a rien de personnel contre ce type. Ses intérêts passent avant ceux de n'importe qui t il ne sert personne d'autre qui lui-même. C'est d'ailleurs ce mode de pensée qui le pousse à rire devant la déclaration amoureuse Cuddles, la blonde qu'il sauve au début du film. Ancienne prostituée, elle lui déclare sa flamme et son désir d'être sa femme. Mais il ne l'embrasse pas, encore trop aveuglé par son propre désir, un désir de vengeance et de mort. Et ce n'est que plus tard qu'il comprendra qu'il peut avoir une vie en dehors de son obsession. Il revient donc vers Cuddles, mais trop tard... Le piège s'est refermé sur lui.

Devlin est aussi un homme qui refuse d'utiliser un flingue. Ce n'est pas un tueur, un criminel, simplement un voleur. Et il vole car c'est ce que son père lui a appris. Fuller insiste ici sur le poids de l'éducation patriarcale.

Enfin, ce qui fait la particularité d'Underworld USA se retrouve dans beaucoup d'autres films de Fuller, c'est une violence crue. La scène qui l'exprime le mieux est le meurtre de sang-froid d'une petite fille par l'homme de main, Gus. Il n'hésite pas à l'écraser avec sa voiture, alors que peu de temps auparavant il l'attirait avec un paquet de chewing-gum. Ce genre de scènes reste rare dans le cinéma américain.

A noter tout de même que l'acteur qui joue le rôle de Devlin en fait parfois des tonnes. Il fait beaucoup de mimiques pour faire de son personnage un dur à cuir. Il n'est pourtant jamais aussi bon que lorsque son visage est impassible.