Ce n’est que du cinéma

Fidèle au genre du film noir, Underworld U.S.A se distingue surtout par son scénario qui crée un véritable suspens, une tension constante, gardant ainsi le spectateur en haleine.

Pourtant, que l’exposition est poussive : lieux communs, personnages types, thématique sociale stéréotypée et évidences s’y succèdent, avant qu’une intrigue assez banale ne soit lancée (le meurtre à venger). De là s’ensuit une longue ellipse qui marque non seulement une rupture temporelle (environ 20 après) mais aussi psychologique du personnage (passage de l’enfance à l’âge adulte) et surtout stylistique, car le récit ne se sabordera plus et entrera dès lors dans une maturité narrative où plus rien ne sera cousu de fil blanc comme avant.

Sans heurter la bienséance au moyen de hors-champs et d’euphémismes visuels (comme ce vélo renversé dont la roue voilée tourne encore après l’accident), Samuel Fuller réussit quand même à montrer la cruauté et le cynisme de la pègre, même si le traitement demeure assez superficiel et que cela ne semble pas toujours très vrai : difficile d’oublier pendant un moment que ce n’est que du cinéma (américain qui plus est). Et c’est bien l’une des critiques qu’on peut lui faire, comme le prouve cette scène finale, lente agonie frôlant le ridicule comme le cinéma d’antan seul pouvait le faire, au bout de laquelle Tolly Devlin revient à son point de départ.