Avec « Les Beaux jours », on plonge dans une histoire simple. Si l’on ne peut faire référence au film de Claude Sautet, on se trouve ici toutefois submergé de la même manière par cette sensibilité et sous le charme d’une indéniable délicatesse. Tout se joue autour de Caroline, une femme mure frappée de plein fouet par une mise en retraite professionnelle, et par là même de la vie, forcée. Caroline est interprêtée par Fanny Ardant, incandescente, passionnelle, détachée de tous artifices superficiels qui viendraient masquer sa beauté brute. Elle est une héroïne digne d’une chanson de Barbara, une chanson d’amour. Elle va vivre aux « sables mouvants des amours condamnées » une folle passion avec Julien, ce presque quadra, un peu largué, bohème, « le printemps de ses hivers ». C’est cette histoire que Marion Vernoux et Fanny Chesnel nous font vivre ! Par petites touches, mais non sans une grande maîtrise, la réalisatrice signe là l’un des films les plus romantiques, dans le sens noble du terme, de ces dernières années. Une histoire simple je disais, oui, mais profondément bienveillante et attachante. Il y avait pourtant tout à craindre au début, avec ce bouquet de poncifs autour de la vieillesse, c’était en fait pour mieux amorcer le revirement de situation. Car il n’y a pas que des chabadabada dans « Les beaux jours », il y a aussi de l’humain avec tout un petit univers qui gravite autour de ce couple lumineux. Un mari défaitiste (adorable Patrick Chesnais !), les résidents (quelle joie de retrouver des acteurs un peu perdus de vue comme Stevenin, Conttençon, Catherine Lachens ou Marie Rivière) et en toile de fond la région de Calais/Dunkerque avec ses paysages mélancoliques et industriels, à la poésie une peu cafardeuse. Cette presque « vie recommencée » de Caroline qui nous est donnée, n’est pas prête de nous abandonner et longtemps on repensera à elle et son jeune amant, à leurs contrastes, à leur douce folie. Dans nos cœurs, on sait que toujours « le vent les portera ».