⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

C’est presque un conte fantastique, de ces films qui semblent à mi-chemin, en équilibre instable entre rêve et réalité, qui prennent un point de départ réaliste et finissent par divaguer, transformant l’image en passeport vers un monde d’illusions. Les Bêtes Du Sud Sauvage résonne en écho à cet ouragan titanesque qui a massacré la Lousiane et révélé au monde l’inaction de l’administration Bush, face aux périls que recontrait alors la population pauvre du bayou qui avait le plus besoin de lui. Les Bêtes Du Sauvage montre à nos yeux critiques deux sociétés qui se voient sans jamais se regarder : ceux du Bayou qui sont pauvres, vivent au milieu de l’eau mais ont trouvé le bonheur d’une communauté solidaire, ceux qui vivent au sec, qu’on voit peu et qu’on imagine à l’opposé.

Hushpuppy est une trop mignonne petite fille à la coupe afro vraie de vraie qui vit avec son papa dans le bayou. Leurs conditions de vie sont plus que précaires, l’hygiène, le confort et la technologie sont exclus de leur univers. Mais Hushpuppy et papa ont beaucoup plus, le lien. Le lien entre les pauvres qui peuplent se bayou, ce lien qui se renforce quand le bien fait défaut en d’autres thermes : plus d’être et moins d’avoir. Comme nous le savons tous, le réchauffement climatique (oui Claude, je sais, c’est du pipo tout ça, lâche-moi et retourne dégraisser !) fera des plus pauvres d’entre nous les premières victimes d’une inexorable montée des eaux et c’est là-dessus que le réalisateur tente d’attirer notre regard souvent vide d’empathie.

Benh Zeitlin fascine par la facilité de faire beaucoup avec rien, par une image de rendre la notion de beau totalement subjective. Hushpuppy et papa vivent dans des conditions effroyables qui pourtant ne sont absolument pas repoussantes, le laid devient beau. Cet univers vu à travers les yeux rêveurs d’une petite fille frondeuse au caractère en acier trempé fascine et nous ramène à ces légendes qui peuplent les zones rurales du monde entier. Animaux fantastiques, sorciers, fées et magiciens ou encore enfants élus par une prophétie quelconque. La baignoire devient le lieu de naissance de la légende de Hushpuppy, lutin à la peau noire qui verra papa grognon mangé par la maladie et tiendra tête à des aurochs gros comme des camions. La baignoire devient l’expression d’une Nature devenue hostile, car violentée par la main d’un Homme tellement sûr que sa technologie lui viendra secours et qui se retrouve finalement dépassé par l’ampleur des dégâts.

Film critique, film engagé mais aussi film peinture car capable d’embellir. Les Bêtes Du Sud Sauvage s’en prend aux inégalités croissantes, à la pseudo supériorité de l’homme moderne et d’un mode de vie qu’il entend imposer, on est presque choqué de voir notre lutin enfiler une robe. Ce film prend le parti de faire de l’ouragan sur la Nouvelle-Orléans le premier signe violent du réchauffement. Plus qu’un film c’est une parabole que nous regardons, espérons qu’elle ne se transformera pas en prédiction.
Jambalaya
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Au-delà du réel., Mes enfants, cinéphiles en devenir... et Films vus en 2014

Créée

le 11 janv. 2014

Critique lue 560 fois

18 j'aime

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 560 fois

18

D'autres avis sur Les Bêtes du Sud sauvage

Les Bêtes du Sud sauvage
Kenshin
8

No crying

Excusez mes faiblesses, ce sont elle qui font qu'un film me touche. Non ce n'est pas forcement sale. J'étais aller voir Tabou et derrière moi y'avait un groupe de gens qui avait l'air de trop en...

le 28 janv. 2013

45 j'aime

5

Les Bêtes du Sud sauvage
Marvelll
9

« Once there was a Hushpuppy, and she lived with her daddy in the Bathtub. »

Film aux multiples récompenses (huit pour être précis dont notamment la Caméra d’Or à Cannes, le Grand Prix de Deauville, le Grand Prix du Jury de Sundance, le Prix Sutherland du meilleur premier...

le 20 nov. 2012

36 j'aime

1

Les Bêtes du Sud sauvage
MonsieurMit
4

Approchez approchez ! Le nouveau cirque Des bêtes du sud sauvage est arrivé en ville !

Approchez approchez ! Le nouveau cirque Des bêtes du sud sauvage est arrivé en ville ! Venez y vivre l'histoire fabuleuse et onirique d'une petite enfant noire trop mignonne dans le bayou ...

le 7 janv. 2013

33 j'aime

15

Du même critique

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

156 j'aime

26

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

155 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

153 j'aime

15