Ce qui me marque dans ce documentaire, c'est :
- A quel point en étant factuel (chacun des 7 personnages racontent sa vie, où il en est de son parcours - plutôt professionnel, et rarement personnel finalement -), on parvient à dessiner, à l'intérieur d'un documentaire d'entretiens, des personnes follement complexe. C'est l'art du montage sans doute, mais aussi la manière dont chacun s'exprime, et laisse transparaître sur son lui profond beaucoup plus que ce qu'il semble en raconter. C'est, bizarrement, une grande leçon sur le scénario et la direction d'acteur du coup. Comment on se raconte, presque sans le vouloir, par sa manière d'exister. Je me dis qu'un casting devrait s'opérer ainsi, au moins autant par ce que l'acteur trahit sans le vouloir que par ce qu'il parvient à fabriquer.
- A quel point les visages, en un peu plus de dix ans, évoluent. De manière implacable, parfois injuste ou accablante, ils semblent sur la durée trahir ce qui se passe dans chacun des corps des personnages. C'est sublime et tragique à voir.
- A quel point finalement, bien que ça soit un point de départ, le film n'évoque pas tant les conditions favorisées d'élites bourgeoises que le difficile chemin - pour quiconque - de "faire sa vie".