J'étais déjà passé à côté de la maison et du monde et ce n'est pas cet autre Ray tardif qui m'aura convaincu. J'ai même beaucoup souffert pendant le premier tiers dont l'approche uniquement thématique, et souligné par une interprétation sans finisse, m'a pratiquement donné envie de partir de la salle. Il faut rajouter une réalisation sans la moindre inspiration, se contentant, pour ainsi dire, de montrer en gros plan celui qui parle et à filmer platement des gens assis à une table. Pas très passionnant comme huit clos.
Comme souvent, les choses s'améliorent en cours de route et les 20-30 dernière minutes sont un peu plus encourageantes une fois que la famille s'en va faire un picnic en forêt. La proximité de cette séquence avec celle du lâche m'a donné le sentiment qu'il y a un avait une dimension testamentaire dans cette œuvre (son avant-dernier film si je n'abuse), comme si le film faisait un bilan de ses films passés (je suis sûr qu'il y a d'autres passerelles avec ses précédents films). Comme si Ray se doutait que ses successeurs perdront leurs âmes et leurs intégrités dans une société de plus en plus superficielle et attirée par l'argent. La dernière séquence est même plutôt touchante quand le malade comprend qu'il va disparaître avec son héritage « moral » qui ne fait plus rêver grand monde.
C'est cependant regrettable que le cinéaste ne parvienne pas à intégrer cette lucidité à une réalisation morne et à un scénario paresseux, à la limite du grabataire. Ca aurait pu donner un très grand film. En l'état, c'est surtout pénible à suivre, à part ses 2 dernières séquences donc.