Après un coup de maitre comme première réalisation avec Crazy Heart (doublement récompensé aux Oscars) Scott Cooper livre son deuxième film, l’intense Les Brasiers de la Colère. Il traite une nouvelle fois de la condition humaine mettant en scène Russell Baze (Christian Bale), ouvrier d’usine courageux, honnête et droit et son frère, Rodney (Casey Affleck), qui lui a préféré s’engager dans l’armée. Avec quatre séjours en Irak, celui-ci revient marqué tant physiquement que mentalement. Alors qu’un accident de voiture envoi Russell en prison, Rodney tente de s’en sortir avec des paris et combats de boxe illégaux. Vite endetté, il se mêle à des activités douteuses. A la sortie de prison de Russell, son frère disparait. Il tombe dans les bas-fonds de la ville pour le retrouver.
Doté de passages autobiographiques vécus par Scott Cooper, ce film "coup de poing" aborde de vrais problèmes de notre société. Aux antipodes de l’image "American dream" trop souvent véhiculée, il place son intrigue en Pennsylvanie, au sein de cette Amérique reculée dont on parle peu. Celle dont l’industrie est rongée par la crise économique et dont les habitants semblent se trouver sans solution. Pour Rodney (personnage revenu d’une guerre dont il ne rapporte rien si ce n’est un traumatisme et des difficultés de réinsertion), la seule solution se trouve dans l’illégalité et l’agressivité (autre message, celui d’un pays trop violent). Gorgé de rage et de désespoir Les Brasiers de la Colère dresse un triste constat sur cette partie d’Amérique marginalisée.
Mais force de ce drame est sans aucun doute dans ses personnages. Impérialement bien joués, ils ont une réelle emprise sur le spectateur. Woody Harrelson y est effroyable en "bad guy", Casey Afleck touchant de vulnérabilité et enfin Christian Bale y est poignant de sincérité. Ils nous transmettent parfaitement l’ambiance électrique d’un film âpre et violent.
C’est avec tous ces atouts que le jeune réalisateur Scott Cooper confirme son talent. Abrupt, Les Brasiers de la Colère est un thriller imprégné d’une atmosphère authentique et d’un réalisme subjuguant (qui justifie une lenteur certaine). Le seul point faible du récit est peut être son dénouement. Un final qui n’est pas à la hauteur de l’ensemble, peut être dû à un manque de suspens. Mais ce faux pas de dernière minute ne gâchera pas le sentiment d’audace de ce réalisateur prometteur. L’audace d’évoquer des sujets douloureux ancrés dans la réalité Américaine, tels que la crise, la pauvreté, les injustices ou encore des guerres trop peu justifiées.
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