Ca faisait longtemps que je voulais voir ce détournement. A cause de ce concept qui m'amuse. Et à cause de Steve Martin qui m'amuse autant. Alors les deux réunis, vraiment, il y a de quoi tacher son pantalon! Et la petite cerise sur le gateau, je dirai, que c'est bien Carl Reiner déjà responsable des superissime Man with two Brains et The Jerk (bon j'ai pas encore vu The Jerk, mais je le sens bien).
Evidemment, il n'est pas simple de raconter une histoire lorsqu'on dépend d'un tel concept ; la preuve en est que les meilleurs détournements sont les plus cours. Même la Classe Américaine souffre de quelques longueurs. Pas étonnant donc que ce film ci a les mêmes symptômes. Le film est long à regarder parce qu'on accumule des scènes qui finalement ne sont prétexte qu'à faire du détournement. Chaque scène prise pour soi est donc bien divertissante (certaines plus que d'autres bien sûr) mais l'ensemble est décousu, redondant, et parfois presque ennuyant. Mais heureusement, l'humour de Steve et Carl mêlé aux incrustations absurdes de stars d'hier font mouche. Il faut noter qu'on lorgne le plus souvent dans la parodie du film noir (certains gags rappellent la folie des frères Zucker) mais que les scénaristes restent toujours respectueux du genre.
La mise en scène fonctionne assez bien. Ca fonctionne principalement sur du champs/contre champs, certaines scènes manquent d'un plan général pour pousser au maximum l'illusion, mais globalement, il est facile de se laisser convaincre des artifices employés. Et puis, comme dans tout bon détournement, on retrouve la magie du montage dont Koulechov était si fier : des réactions des personnages en contre champs qui permettent au spectateur d'en tirer des interprétations les plus saugrenues (la tronche de Bogart lorsque Martin lui demande de porter une cravate).
Bref, Les cadavres ne portent pas de costard est un film drôle et divertissant, mais qui souffre tout de même de quelques longueurs dûes à un concept difficilement maîtrisable sur la longueur. A voir pour l'exercice de style ou tout simplement pour l'amour des blagues.