Le film est basé sur la vie du poète et écrivain anglais Siegfried Sassoon..

C’est l’adaptation du roman historique Régénération (roman) de Pat Barker. 1991.

Le film suit la vie de Siegfried Sassoon après la seconde guerre mondiale. Le poète britannique et vétéran de la Première Guerre mondiale décoré , fut interné dans un établissement psychiatrique en raison de ses positions anti-guerre. Sa poésie s'inspire de ses expériences sur le front occidental et il finit par devenir l'un des principaux poètes de guerre de l'époque. Idolâtré par les aristocrates et les stars du monde littéraire et scénique londonien, il entretient des relations avec plusieurs hommes tout en tentant d'accepter son homosexualité. En même temps, brisé par la terreur de la guerre, il a fait de son parcours de vie une recherche du salut, essayant de le trouver dans la conformité du mariage et de la religion.

la première scène m’a déjà conquis : On y voit à Londres en 1914, Siegfried (Jack Lowden) assister avec son frère, qui mourra bientôt au combat sur le front de Gallipoli, assister à la représentation du "sacre du printemps" d'Igor Stravinsky, à laquelle Quelques secondes d'images documentaires font découvrir au spectateur la scène tragique de la Première Guerre mondiale.

Les archives documentaires liées au champ de bataille s'invitent à plusieurs reprises dans les séquences initiales parfois par des coupures brusques, parfois en se fondant au décor, ce qui déclenche chaque fois la poésie, cherchant à faire sens de ce traumatisme , images en noir et blanc de destruction et de corps défigurés ou décomposés qui contrastent avec la récitation de la poésie de Sassoon.

Sa propre expérience d'ancien combattant et la mort de son frère, qui le touche profondément, conduisent Siegfried à rédiger une lettre qui sera publiée et lue au Parlement par un député : Il y affirme que « la guerre est délibérément prolongée », avec les conséquences les plus désastreuses de douleur, de torture et de perte pour l'humanité. Lorsqu’on l’accuse d’être pro-allemand, il prétend qu’il est pro-humain. Siegfried reste ferme dans sa position anti-guerre, refusant de retourner au combat.

Ce qui lui vaut de comparaître devant un tribunal militaire : I l est finalement envoyé dans un hôpital pour malades mentaux, en guise de punition bienveillante sous prétexte de de neurasthénie.

Il va y faire deux rencontres importantes, celle avec son psychiatre, le Dr Rivers (Ben Daniels) auquel il avouera avec l'euphémisme « l'amour qui n'ose pas prononcer son nom », son homosexualité (La réponse du médecin est plus que surprenante) puis celle d’Owen (poète aussi) qui souffre cde ce qu’on qualifierait de nos jours de troubles post-traumatiques et dont il tombera amoureux.

Mais Owen recevra l'ordre de retourner sur le champ de bataille, où il sera abattu une semaine avant l’armistice. Superbe mise en scène pour refléter, et condenser leur union et l’absurdité qui va les séparer : la caméra se déplace dans un court de tennis vide sur le net qui sépare les deux prétendants ; Une vue aérienne enchaînée encadre les corps des deux hommes se déplaçant dans des directions différentes jusqu'à ce qu'ils se rejoignent dans l'eau : Leur union a été brisée par les règles absurdes qui régissent les décisions des êtres humains, comme celles qui régissent la guerre à travers les règlements militaires. Des émotions compartimentées dans les grilles grotesques des abstractions (et leurs catégorisations et normes).

C’est de cette mutilation émotionnelle qu'il n'a jamais vraiment réussi à surmonter que veut nous parler le cinéaste :

A la sortie de la guerre, Siegfried, vulnérable et taciturne, se lance à la recherche de l’oubli dans une quête de l'amour sur un chemin erratique, se lançant dans des aventures avec des hommes sans scrupules comme un acteur arrogant et manipulateur (Jeremy Irvine), ou un garçon narcissique et égocentrique (Calam Lynch).

Cette partie du film laisse la part belle à l’humour, notamment lors de soirées mondaines où les personnages rivalisent de mesquinerie en se dissimulant derrière le flegme britannique. D’abord l’occasion de joutes spirituelles, cette cruauté finit par devenir trop mordante et, à mesure que s’accumulent les déceptions et les échecs, Sassoon gagne en aigreur et en colère.

Rien ne semble plus l'apaiser , pas même le mariage qu'il finira par contracter par commodité, ni l’enfant qui en naîtra.

Le magnifique scénario, signé Terence Davies lui-même, alterne plusieurs poèmes de Siegfried, lus par « Lowden » et « Peter Capaldi », qui incarne « Sasson » dans la vieillesse, lorsqu'il décide de se convertir au catholicisme, comme acte de rédemption posthume mais rédemption de quoi … ?

Ses pleurs silencieux ont duré des décennies, même s'il essayait de les cacher, dans sa jeunesse, avec ses romances avec de belles effigies à forme humaine, et dans sa vieillesse, avec le visage aigre, triste et amer d’un homme vidé qui attends la mort alors qu'il est déjà mort depuis des années.

Davies recrée la vie de l’écrivain avec maitrise et élégance, de superbes dialogues, un sens profond du tempo musical et une mise en scène rehaussé par un casting d’excellents acteurs.

Une œuvre pleine de mélancolie maladive, de beauté intérieure et de sensibilité lyrique.

#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

HenriMesquidaJr
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le 28 juin 2024

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HENRI MESQUIDA

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