Alors oui, le film fait un peu de surplace à certains moments (notamment lors de certaines scènes avec Clémentine, la seconde fan), et la caractérisation de Kelly-Anne, la protagoniste principale, est à mes yeux un peu trop froide et distante (pourtant incarnée avec beaucoup de talent par l'hypnotique Juliette Gariépy), m'ayant laissé dans une sorte d’ambiguïté floue qui ne me permettait pas de totalement m'immerger dans le film à travers son point de vue (mais j'imagine qu'il s'agissait là d'un parti-pris volontaire de la part de son réalisateur-scénariste).
Mais malgré ces quelques défauts, voilà une œuvre tendue et glaçante qui réussit le pari de dérouler une ambiance bien pesante et malaisante comme il faut tout au long de son récit, et ce en ne nous montrant (quasiment) rien.
Un film de snuff movie sans snuff movie, un film dans lequel l'horreur semble imprégner les moindres recoins de l'écran sans qu'elle ne nous soit montrée.
Une œuvre à la mise en scène clinique, nous plongeant dans les méandres du darkweb et de ce marché glauque des "chambres rouges", où la mort en direct se retrouve mise aux enchères.
Histoire de fascination et de voyeurisme, d'écrans et de regards (dont l'un qui devrait vous marquer durablement), une nouvelle réussite venue tout droit du Québec, et un thriller judiciaire et psychologique qui ne peut laisser indifférent, vous prenant à la gorge dès ses premiers plans pour ne vous relâcher qu'au moment du générique de fin.
Un film dépeignant la nature humaine et ses pires travers, et qui risque de vous trotter en tête pour quelques temps. Un film à ne clairement pas mettre devant tous les yeux. 7,5/10.