Il y a certains sujets sur lesquels on ne plaisante pas.
Il y a certains sujets sur lesquels on ne prend pas de plaisir ; la danse classique et le ballet en font partie en ce qui me concerne.
Les chaussons rouges est un grand film, un jalon dans l’histoire du cinéma pour de nombreuses raisons. La mise en abyme du conte d’Andersen adapté en ballet se diffusant sur le récit encadrant permet une réflexion intéressante sur le sacrifice à l’art. Le pygmalion niant la vie pour que l’illusion du spectacle soit totale, le dévouement de la jeune première et du compositeur au Mephisto du succès et des spotlights sont autant de déclinaisons plutôt séduisantes sur cette universelle tension entre vie privée et consécration publique.
Mais c’est surtout la mise en scène qui s’impose. Fluide, inventive, elle semble prendre toutes les libertés proposées par l’avènement de la couleur, à l’aube des années 50. Les longues scènes de ballet sont un jeu savant entre le cadre de la scène et les extensions proposées par l’expérience cinématographie : élargissement des décors, pénétration dans un monde onirique par surimpressions, effets spéciaux et dilatation du temps.
Autant d’éléments qui poussent à s’incliner face à un grand œuvre formel, travaillé au millimètre et malin dans le dévoilement de ses propres coulisses où l’on donne à voir le labeur des orfèvres qui le créent.
Seulement voilà. Certains ont du mal avec le steak de cheval, d’autres ne supportent pas Fabrice Luchini. Certains haïssent le foot, d’autres ne peuvent souffrir la vue du sang.
Les tutus, les pointes, les jetés et les attitudes m’enthousiasment autant que la perspective de faire ma déclaration d’impôts.

Et pourtant, Djee, j’ai vraiment tenté d’appliquer le précepte « sois disponible dans ta tête. »

Autant les comédies musicales à venir, comme Chantons sous la pluie quelques années plus tard, proposent une danse plus contemporaine et, surtout, colorent leur propos d’une tonalité comique qui justifie qu’on meuve son corps avec euphorie. Ici, la raideur classique annihile toute implication émotionnelle et se limite à mon sens à une admiration polie de la plastique et de la performance, sans ce complément d’âme indispensable à la véritable émotion.

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le 16 mai 2014

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Sergent_Pepper

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