Dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en périphérie de Damas, en Syrie, de jeunes adultes (des chebabs en arabe) évoquent leur vie, leur avenir, leurs craintes et leurs espoirs (en 2012, avant la guerre civile).
Cette génération, native des camps, est la troisième à vivre ave l’idée d’un éventuel retour. Toutefois, probablement plus prudent que leur parents et grands-parents pour qui l’idée du retour était synonyme de la fin d’un exil et d’une vie à nouveau normale, ces jeunes ont compris que cet hypothétique retour est devenu une chimère et que leur avenir est ailleurs. Cet ailleurs se situe souvent à l’étranger, encore faut-il arriver à partir et pour les hommes à repousser le plus loin possible la date d’incorporation dans l’armée syrienne.
Tournée avant la guerre civile, au moment des premières révolutions arabes, ces images apportent un regard troublant sur une jeunesse qui depuis a probablement remisé nombre de ses projets.
Le réalisateur Axel Salvatori-Sinz a su trouver le bon angle pour filmer ces Chebabs, grâce à une caméra à la fois complice et discrète. En respectant l’intimité de ses personnages, il dresse un portrait intime et attentionné d’une jeunesse en proie aux doutes quant à son avenir et son identité. Les scènes sont essentiellement tournées dans un appartement que partagent certains garçons. Certaines échappées, filmées du toit de l’immeuble, donnent à voir la réalité de ce camp de réfugié où règnent une promiscuité et une misère propre à ce type d’habitat, conçu pour être provisoire et finalement aménagé anarchiquement par ses habitants au fur et à mesure que les générations se succèdent.
L’exil est pour la plupart la seule et unique solution. Ils ont presque tous tiré un trait sur un éventuel retour. Le fracas lointain du printemps arabe, exacerbe chez certains ce désir d’ailleurs, d’autant que la situation syrienne n’offrent aux jeunes hommes qu’un avenir kaki et d’autant plus trouble que nous en connaissons le drame actuel.