Arnaud Khayadjanian effectue un voyage sur les traces de l’exil de ses arrières grands parents arméniens lors du génocide de 1915. En Turquie, il rencontre des habitants et les questionne sur ses ancêtres et les « évènements » de 1915. Ils nous font découvrir la lecture officielle de l’État Turc, mais nous trouvons aussi des gens qui se questionnent sur ces évènements.
L’originalité de son voyage tient au tableau qu’il transporte avec lui (Le Bon Samaritain d’Aimé Nicolas Morot, 1880). Représentant un vieil homme secouru par un autre, ce tableau fut pour lui comme la matérialisation de la destinée de son arrière grand père sauvé par une famille paysanne turque des massacres génocidaires de l’époque ; son arrière grand-mère ayant elle été recueillie par une autre famille. Sa quête le conduit naturellement à chercher des traces des Justes, ces anonymes qui ont sauvés des arméniens persécutés et leur ont permis de s’en sortir.
L’histoire familiale d’Arnaud Khayadjanian illustre avec brio le sort des arméniens en 1915. Son voyage sur les plateaux arides d’Anatolie est absolument passionnant à plus d’un titre. Un montage habile alterne des paysages arides et magnifiques parcourus par un homme qui marche, un immense tableau sous le bras, avec des personnes interviewées qui semblent plus ou moins mal à l’aise avec l’histoire qu’on leur raconte, feignant de ne rien savoir, prudentes à l’idée d’évoquer un sujet tabou et susceptibles d’être poursuivies si elles utilisent le mot « génocide » à ce propos ; le tout nous donnant des éléments d’analyse de la position de la société turque face à cet évènement.
Pas d’archives, pas de spécialistes, juste un film d’auteur sur une histoire familiale mouvementée évoquant un moment de l’histoire controversé. Un film qui cherche à renouer pacifiquement les fils d’une histoire décousue.