Tellement de documentaires ont osé aborder la question du génocide arménien ces dernières années qu'il est difficile de faire dans l'originalité quand on s'y attaque. D'ailleurs ce n'est pas tant l'angle de l'originalité que celui de la simplicité qu'adopte Arnaud, parti sur les traces de ses arrières-grands-parents, Arméniens sauvés du massacre en 1915 par des Turcs qui les ont recueillis.
Il parcourt ces paysages bruts et dessechés qui portent les stigmates d'un passé dramatique, porte un regard transi de fascination sur ces terres désolées dans des plans contemplatifs d'une beauté parfois extatique (impression renforcée par l'envoûtante BO). Il interroge aussi, évidemment, ceux qui sont là, qui n'ont pas vécu ce génocide. Des Turcs qui ne savent pas (le discours officiel est ce qu'il est) ou feignent de ne pas savoir, par peur de représailles ou tout simplement parce qu'ils ne veulent pas croire que leur nation ait pu se rendre responsable d'une telle atrocité.
Ponctuellement, le film offre quelques beaux moments d'émotion, fait affleurer quelques bonnes idées. Pour son premier film, le réalisateur - qui se complait à s'afficher en permanence à l'écran avec un look bobo parisien - montre tout de même encore un petit manque de maîtrise dans la narration et dans le rythme, et déroule le fil de son documentaire sans que la construction paraisse évidente. On n'apprendra en outre pas grand chose que d'autres n'aient déjà dit sur le sujet.
Mais son film touche par sa sincérité.