The Way Back est un superbe film de survival, inspiré librement d’un roman qui lui même s’inspire de souvenirs de diverses personnes. Ce film, qui se situe en 1939 nous entraîne d’un goulag de la Sibérie jusqu’en Inde en passant par l’Himalaya.
La photographie du film est superbe avec ces paysages de la Sibérie enneigée, des steppes mongoles, du désert de Gobi et des hauts plateaux tibétains. Elle nous offre de belles images comme ces silhouettes se découpant sur fond de soleil couchant ou sur fond brumeux de chaleur tandis qu’ils se dirigent vers ce qu’ils pensent être un mirage.
The Way Back est convaincant : les acteurs sont fortement engagés dans l’action et impliqués dans leurs personnages.
Il est également immersif : on a chaud et froid avec eux, on a mal aux pieds, on a le visage brûlé par le soleil et le sel, on est exténué.
Les renseignements sur les personnages nous sont donnés avec parcimonie. The Way Back nous traite comme l’un des personnages du groupe. Ce sont tous des hommes avec un passé lourd qui ont subi des épreuves terribles et qui ont appris le culte du secret, typique des pays où le communisme a régné. Je me suis rendu en Pologne avant la chute du mur de Berlin et je me souviens de ces comportements où on ne dit jamais vraiment les choses où on se méfie de tout où on est constamment sur ses gardes. J’ai aussi connu de près une réfugiée géorgienne et sa famille. Ils avaient appris à vivre dans le mensonge et à dissimuler constamment. J’ai très bien retrouvé cette ambiance typique du communisme dans les personnages du film.
Ces évadés forment un groupe disparate et mal assorti d’opposants politiques et de criminels de droit commun : Janusz, un polonais accusé d’espionnage, accusation classique faite par le régime : sa faiblesse est sa bonté ; Mister Smith, un américain venu en Russie pour fuir la grande dépression : il est endurci et ne fait confiance à personne ; Khabarov, un meurtrier qui adhère aux idées du communisme, Voss, un prêtre qui a sur la conscience un meurtre qu’il a commis suite à la destruction de son église ; et d’autres personnages moins marqués. Sur la route un nouveau personnage les rejoint : Irena qui apporte une touche de douceur. Elle réussit à toucher le cœur de tous, même celui de l’américain qui lui était hostile. A son contact ils redeviennent humains, ils parlent et racontent leur histoire ils se soucient de sa fragilité quand elle n’en peut plus et s’écroule. L’une des plus belles scènes du film est ce moment où elle se baisse et nettoie les plaies des pieds ensanglantés de Mister Smith.
Le film comporte des faiblesses : la plus importante est la traversée de l’Himalaya qui est occultée, elle nous est simplement rapportée mais pas montrée. Si bien que la troupe arrive un peu trop facilement en Inde.
La finale égraine quelques grandes dates du communisme jusqu’en 1989 date à laquelle la Pologne devient libre. Cette séquence souvent présentée négativement dans les critiques que j’ai lues est pourtant essentielle. Son but est de nous faire percevoir les années qui passent qui durent jusqu’à ce moment où Janusz peut enfin retrouver sa femme qu’il n’avait pas revue depuis 1939 et qui l’avait dénoncé comme espion sous la torture. Au delà de cette histoire particulière ce sont tous les drames familiaux engendrés par le communisme qui sont évoqués : des familles brisées et séparées durant des décennies. Le communisme ce ne sont pas seulement des dates, ce sont des vies et des familles brisées et séparées.
J’ai été touchée par cette histoire très bien racontée, documentée et magnifiée par la magnifique photographie de Peter Weir.