Avant-dernier film de John Ford, ce western est considéré par beaucoup de critiques comme un de ses meilleurs ; je serai plus nuancé là-dessus. Le film est certes le beau testament cinématographique d'un réalisateur exceptionnel qui a magnifié l'Ouest de façon héroïque et poétique, une fresque lyrique qui traite de la question indienne sans lourdeur et sans pathos. Il a décrit une communauté en marche, symbolique d'un destin collectif à travers l'exode des Cheyennes qui lassés des mauvais traitements infligés par l'administration d'un pays qui n'a pas su ou pas voulu les comprendre, ne cherchent qu'à retrouver leurs racines et leur terre confisquée. Ford laisse parler sa sensibilité et fait preuve d'humanisme en dépeignant cette grandeur perdue par de belles images et des cadrages architecturés, sur un rythme et un tempo solennels. C'est un film qui peut toucher par la sincérité de son propos, mais qui n'évite pas certaines longueurs, à l'image de cette séquence à Dodge City où John Carradine, Arthur Kennedy et James Stewart jouent au poker : une scène qui m'a semblé totalement inutile et hors de propos ; en fait, elle gâche tout, mais de toute façon, ce western ne figure pas parmi mes préférés de John Ford ; pour moi, la Prisonnière du désert ou la Charge héroïque sont loin devant.