Firecreek est un western psychologique qui a été pour moi une bonne surprise. La petite ville de Firecreek est une ville « refuge » qui semble avoir attiré à elle des personnes voulant s’enterrer et vivre sans prises de risque, des « loosers » comme le dit explicitement l’un des habitants. C’est donc une ville sans histoire. Elle s’est tout de même dotée d’un shérif, Johnny (James Stewart) dont les deux garçons ont confectionné fièrement son étoile. Mais voilà que débarque Larkin un tueur à gages (Henry Fonda) accompagné de quatre compagnons. L’équilibre de la petite ville se trouve complètement chamboulée par leur présence tapageuse et de plus en plus dangereuse. Les habitants finissent par être pris en otage et par se plier aux extravagances de ce groupe qui échappe à tout contrôle.
Toute l’histoire tourne autour de la prise de décision, de risque, du choix d’agir ou de rester passif, de la responsabilité. Est-ce que cela vaut vraiment le coup de réagir ? Le discours de M. Whittier, ancien homme de loi est emblématique de l’état d’esprit de la ville. Il cherche à dissuader Johnny d’intervenir :
J’étais incapable de supporter d’avoir à prendre des décisions. Je suis donc venu à Firecreek parce que je pouvais y vivre sans que ma parole n’ait de poids. Je ne suis pas différent des autres. Absolument pas différent. (…) Laissez-les faire Johnny, laissez-les faire.
Alors que Johnny ne cesse de temporiser, de son côté Larkin a lui aussi du mal à prendre ses décisions et à tenir ses hommes. Et d’ailleurs ce dernier perçoit la similitude entre eux :
Votre soi disant shérif et moi avons beaucoup en commun. On chevauche sur un zèbre et on n’a aucune prise.
Face à cette apathie complice et collective, c’est Arthur, le benêt du village qui réagit. Une attitude qui prend tout le monde de cours et provoque le désarroi.
La situation devient finalement hors de contrôle et alors que le shérif a dû s’absenter pour aller au chevet de sa femme qui accouche – c’était bien le moment ! – tout dégénère. A son retour Johnny ne peut que répéter : « Pourquoi avez-vous laissé faire ?!!! ».
C’est bien le drame de cette ville qui « laisse faire », mais qui au delà de cela, ne vit tout simplement pas.
Inutile de dire qu’à l’issue de cette rencontre entre les habitants et les hors-la-loi plus rien ne sera comme avant ! Et c’est un vent violent qui scelle l’ultime séquence de cet affrontement, un vent qui se lève, comme une colère qui tout à coup s’éveille et pousse à agir.
James Stewart et tout particulièrement Henry Fonda sont impeccables dans leurs rôles et ils sont bien entourés par tout un panel de second rôle qui viennent enrichir la tension dramatique de l’histoire. Ce sont tous des personnages peu reluisants sous leurs belles apparences.
Il ne faut pas se laisser tromper par l'affiche du film, Firecreek ne comporte pas d'action en dehors de la scène finale.