Eran Riklis est un cinéaste israélien et s’entoure de sa scénariste palestinienne Suha Arraf, qui signent un film d’une grande sensibilité. La mise en scène opte pour le huis-clos sachant apporter à la noirceur du propos la luminosité de ces scènes silencieuses souvent lors des regards pudiques ou de rencontres salvatrices. Jouant sur les expressions et les allures, les dialogues à l’économie marquant la frontière sans autre bataille que celle de décors déprimants et de situations absurdes.
Un film marquant par sa volonté de lutter contre l’incommunicabilité et mettre encore une fois en lumière le conflit qui ne cesse de dégrader le pays et les rapports entre deux cultures, depuis l’élection du Hamas dans la bande de Gaza et bien souvent alimentés par la méconnaissance de l’autre et de la peur qui en résulte.
Axant son récit sur deux femmes, Hiam Abbass est d’une parfaite violence retenue et Rona Lipaz Michael exprime la dualité entre son rôle d’épouse et ses sentiments face à son environnement et à un pays militaire qui n’a de cesse de bafouer les droits des citoyens.
Guerre invisible mais aussi condition de la femme. Barbelés pour une métaphore sur le mur qui sépare ces deux pays mais aussi le propre enfermement de Salma, surveillée par son peuple. Le cinéaste pointe la difficulté à être une femme libre de ses choix, en effet miroir avec Rona Lipas Michael, tout autant enfermée dans sa tour d’ivoire.
Le film n'en oublies pas en filigrane la complexité politique et souligne le combat pacifique. Une parabole sensible et sobre où quelques moments de légèreté se glissent en décalage, en suivant tout du long ce jeune israélien, seul sur son mirador, écouter une cassette de cours lui apprenant à bien distinguer les subtilités du langage et de la compréhension. Ces pointes d'humour, confirment à l’instar de Ronit Elkabets et son film Le procés de Vivian Ansalem une écriture fine et perspicace sur la vie, la foi et une condamnation sans appel des hommes. Le désir que suscite Salma, montrera lui aussi ses limites.
Dans le procès d’ailleurs, l’intérêt se situait dans les discussions stériles et le langage de sourd. Ici le jugement de l’affaire de Salma n’est qu’une infime partie de l’intrigue et nous n’aurons pas l’occasion d’en apprécier les joutes jubilatoires.
Un drame qui reste léger, voire naïf sur son déroulement mais où le final souligne l'absurdité.