Le citron s’il est bien accommodé peut se révéler moins acide qu’il n’est… C’est le postulat de départ d’Eran Riklis qui file cette métaphore pour servir son récit et nous livre un joli film. Certes c’est un peu simpliste sur le discours, mais tellement généreux que l’on ne peut qu’être bienveillant dans l’ensemble. « Les citronniers » est avant tout une histoire de deux femmes que tout oppose. L’une palestinienne, seule et désargentée, l’autre israélienne, femme de ministre, belle, à l’arrogance défaillante. Entre elles, une barrière naturelle aussi anodine que dangereuse : un verger de citronniers, sorte de nomads’land source d’apaisement et de discorde. Ces arpents séculiers symbolisent le combat à niveau égal entre deux pays, deux libertés, deux individualités. Le parcours de ces combattantes allant de l’espoir d’une paix difficile à concrétiser en interne et en externe à la plus noire désillusion sera donc laborieux. Car sous des allures de légèreté, c’est bien d’un drame qu’il s’agit. Et même abordé dans l’anecdotique, il s’immisce, persiste et plombe la paysage. Esthétiquement très fort, le film rayonne aussi par la générosité de ses acteurs. A commencer par Hiam Abbas qui se révèle depuis quelque temps comme l’une des valeurs sures du cinéma international et qui ici offre une performance toute en nuance et en éclat. Ali Suliman en avocat opportuniste joue sur du velours et Rona Lipaz Michael en femme de ministre impliquée est parfaite. Ce trio d’exception apporte une émotion sincère qui vient palier au manque de crédibilité d’un récit blindé de bons sentiments et un peu naïf.