Tout dépend de la taille de votre porte.
Grand fan de Baffie dans l'absolu, et bien qu'ayant souvent entendu parler de ce film -notamment pour son flop commercial, cent fois moqué dans les émissions d'Ardisson-, j'ai pourtant tardé à le voir.
Quoi ? Baffie au cinéma ? Bah ! Ce type est un génie de la répartie, un enculé de première, un déconneur ininvitable, indéfendable -mais quid d'un scénariste ?
Je pressentais le navet. Et je n'avais pas tort ! Ce film est un navet sans nom.
Mais voilà : le chef Baffie, à mi chemin de la poêle et du micro-onde, a décidé de nous cuisiner -sans jamais que cela sente le réchauffé- le navet le plus goutu du monde, le navet sauce au poil, poilant et poêlé comme pas deux.
Festival de moqueries et d'auto-dérision, je n'ai pas trouvé le film "drôle" au sens où l'on se marre non-stop, j'ai trouvé le film HUMORISTIQUE, mais au sens noble du terme: tous les ressorts du comique sont utilisés, toutes les brèches, dans un dernier degré extrême qui n'a d'autre but que de remettre le Cinéma -l'autre, le vrai, celui qui se prend au sérieux- à sa place en en caricaturant à l'extrême l'absurdité et les failles.
Pourquoi non ? Rares sont les films capables d'une telle déprise de tout sérieux (même parmi les plus drôles, qui prennent parfois leur propre humour bien au sérieux!). Ce film, justement parce qu'il est simpliste à souhait, occupe une place aussi humble qu'unique dans le paysage du cinéma français.
Alors certes il faut laisser le critique raisonnable de côté -qui trouvera à chaque plan et à chaque séquence mille prétextes pour ne jamais accrocher- et reconnaitre simplement ce métrage pour ce qu'il est: un délire entre potes (et quels potes!), un essai osé et risqué (on s'est bien foutu de sa gueule, à Baffie, après coups, vu son échec...) et pourtant absolument parfait en son genre, et d'autant plus parfait qu'on ne peut même pas vraiment lui donner de "genre".
Du cinéma sans budget (certes plus appréciable gratuitement devant mon écran qu'à 8 euros la place au ciné) qui remplit parfaitement son rôle: ne rien raconter d'intéressant mais être intéressant quand même, partir haut dans l'humour sans être jamais vraiment si marrant, et afficher (et revendiquer !) le scenario le plus pourri possible.
Galabru finit le film sur cette dernière parole: NUL ! (hop une baffe!).
Qu'on aime ou non, je dis: Respect !
Merci Baffie d'être aussi con !