Véritable simulation d'handicapée anémique. On se prend à penser que si réellement la vie d'un aveugle est aussi chiante, autant être paraplégique. J'en veux aux développeurs du jeu de m'avoir fait perdre deux heures (!) de mon temps que j'aurai aussi pu utiliser à meilleur escient en regardant par exemple mon plafond sans ciller, pour deux fois plus de sensation d'aventures que dans cette bouse.
"Chouette!"; j'avais pensé naïvement durant la première minute et demi du jeu. "Une expérience Indé poétique basée sur l'imaginaire d'une gamine aveugle et la reconnaissance auditive...!". Finalement, keutch: on suit des couloirs fermés par des buissons et des poubelles tout en marchant à deux à l'heure pendant 90% du jeu. Le but est d'éviter les aboiements de chiens polygonaux (un seul même son, un seul même modèle) à tous les coins de rue et le plus gros rebondissement que vous aurez sera d'avoir confondu une voiture en panne avec une tondeuse à gazon.
Bim bim bim... Exemple: Une jeune fille fait tomber sa balle. Elle vous demande d'aller la ramasser. (on demande tous à des inconnus aveugles de passage d'aller ramasser nos balles à notre place quand on fait du sport). Il faudra pour cela longer les grilles et se taper tout le terrain. Le but du jeu ? Contourner les méchantes balançoires parfaitement immobiles. Puis refaire tout le chemin en sens inverse pour la lui rendre avant qu'elle ne s'efface littéralement dans un "merci" mal doublé. Temps perdu: 25 minutes. Le temps qu'il aura sans doute fallu aux développeurs pour se masturber quatre fois sur l'idée satanique de mêler avec tant de génie l'ennui, la déception et l'absence d'inspiration.
Je l'ai payé deux euros, et jamais je n'ai tant regretté l'achat d'un café de ma vie, ce qui est d'autant plus désespérant que n'aime pas non plus le café.
De plus, cette espèce de sotte inexpressive se balade sans canne, sans aide, ni sans rien palper, juste en suivant en toute confiance le gazouillis des oiseaux pour retrouver un chat qu'elle a croisé deux fois, dans une sorte de quartier géant (90% de vide) où chaque texture est photocopiée sur une autre. Je présume qu'il m'a fallu plus de temps pour aller ramasser la balle ( le staff du jeu nous aura confondu avec des canidés) qu'aux développeurs pour créer l'ensemble des graphismes du jeu.
Si les aveugles avaient un droit de regard sur ce jeu (cette simple blague vaut dix fois le jeu), je suis certains qu'ils porteraient aussitôt plainte par principe, pour harcèlement d'ennui. Sous prétexte de rendre hommage à leur expérience quotidienne, ce jeu se fout littéralement de leur gueule en les faisant passer pour des cotorep sans neurones qui sortent des "aaaaaah" de terreur tremblottante dès qu'ils entendent "ouaf ouaf" mais font des "aaaaah" de soulagement jovial dès qu'ils entendent "cui-cui." Limite on se prend à jalouser les vrais aveugles qui n'auront jamais à subir de foutre en l'air l'usage de leur cornée en la cramant via la moindre minute traumatisante de vide sidérant passée sur ce jeu.
Je ne sais pas si Dieu existe, mais je sais désormais ce que signifie réellement le mot Néant.
En conclusion, trouvez les développeurs du jeu, trouvez leur adresse, exigez leur un remboursement avec dommages et intérêts pour arnaque avec préméditation, sous peine de leur brûler les yeux et de leur tatouer "Somnifère" sur les mains (une lettre au bout de chaque doigt, ça fait neuf, il leur restera le petit doigt pour pouvoir boire le thé dignement chez le psy) et alors seulement vous aurez redonné un sens à l'existence en demi-teinte que vous aurez entièrement perdue après avoir donné la moindre ébauche de chance à ce jeu.
Maintenant que le jeu est éteint et que je suis sauvé, je peux objectivement dire que je me sentais plus heureux lorsque j'étais en dépression sévère durant des mois à cause des migraines carabinées répétées, qu'en jouant à ce jeu un simple après-midi. Je m'amusais plus en restant immobile sous ma couette avec toutes les lumières éteintes. Je prenais plus de plaisir à boire des aspégic à l'eau tiède. Eux au moins étaient remboursés en partie grâce au tiers payant.
Passez méthodiquement la serpillère à l’intérieur de votre lave-linge, essayez patiemment d'apprendre l'art du Yoga à votre hamster, comptez scrupuleusement les marches des escalators dans le centre commercial le plus proche, rédigez une lettre de 290 pages à Mélenchon pour lui demander de rejoindre de nouveau le partie Socialiste: quelque activité que vous préfériez, tout, absolument tout, quoi que vous décidiez, sera préférable comparativement au gâchis quasi mystique de ce jeu. Coloriez vos ongles incarnés avec du jus de myrtille lavé dans l'eau sainte après un pèlerinage de trois mois à Lourdes, apprenez par cœur les paroles de Despacito dans toutes les langues pour ensuite être capable de les restituer à l'envers, quel que soit votre choix, vous aurez largement mieux l'impression d'avoir réussi votre vie qu'en trahissant la confiance tactile qui vous relie à votre manette en la branchant cruellement sur ce titre.
Et encore, je pèse mes mots avec une infinie mesure pour ne pas être trop méchant.
Contrairement aux développeurs de ce dîner-de-con vidéoludique qui, eux, n'ont fait preuve d'aucune espèce de pitié envers la vie psychologique des joueurs qu'ils extorquent sous couvert de créer des jeux tous gentils pour sensibiliser sur la vie des pauvres aveugles.
Derrière un costume de croix-rouge et d'expérience poétique se cache en réalité une équipe de violeurs artistiques sans vergogne, des véritables psychopathes de l'abîme, de l'anéantissement, de la vacuité, du désert, du non-être.
Je mets une simple étoile symbolique parce que les étoiles me font penser à Super Mario qui, par contre, est un excellent jeu sur lequel je n'ai que du bien à dire.