Cinéaste à la réputation peu flâteuse, régulièrement accusé de faire l'apologie du fascisme au cours de sa carrière, Winner fait partie de ces cas typiques de modestes cinéastes injustement décriés par l'intelligienca du milieu du cinéma. Et surtout dont le discours et les thématiques récurrentes sont mal interprétées... Bon de prime abord, derrière le cinéaste auteur d'un justicier dans la ville assez discutable, peut-on voir une vision de prime abord assez primaire de l'homme. Ce dernier est un être primitif chez Winner qui dominé par ses instincts et qui échoue fatalement à s'accorder avec son prochain. Du vieux briscard aigri et cynique ayant combattu pendant les guerres de sécession en passant par le jeune blanc bec esclave de son phalus, la bande de "Cowboys" qui composent la petit bande de mercenaires aux trousses de Bronson tiennent davantage des rednecks haineux de Craven que des nobles cavaliers de John Ford. Pilleurs, violeurs, racistes, meurtriers... Ceux-ci ont tout de la horde sauvage que rien n'arrête.
Et c'est là qu'intervient notre très cher lituanien...euh indien. Etre en parfaite harmonie avec la nature, et ne cherchant que la tranquillité, il devient lui aussi un être impitoyable lorsque l'on pénètre dans son domaine et que l'on tue les siens. Mais contrairement à ses poursuivants, lui a appris à accepter sa part d'animalité et à la dompter pour ne faire plus qu'un avec la nature... Il n'est pas un voyageur égaré dans les collines mais la colline elle-même qui espionne les hommes, s'amuse avec leurs sens, puis les fait disparaître un à un. Il devient ainsi le coyote qui murmurant dans le crépuscule, annonce aux hommes l'arrivée de leur fin. Fin que certains d'entre eux entrevoient mais qu'ils ne peuvent arrêter tant la routinière tuerie fraternelle qu' entreprend l'homme envers son prochain n'a pas de limite.
En définitive, malgré une mise en scène assez quelconque et d''un déroulement de l'intrigue assez mollasson, l'oeuvre de Winner parvient à marquer les esprits grâce à son discours pro indien qui en fait l'une des premières oeuvres dénonçant leur persécution et leur massacre par les "bons" blancs mais aussi par son discours sous-jacent... L'homme est un loup pour l'homme et son envie de domination d'autrui peut le pousser à faire des expéditions punitives insensés, dans le seul objectif de détruire ce qu'il perçoit comme une menace à sa vision du monde. Ce qui en fait un discours assez nihiliste mais à bien des égards aussi des plus lucides sur le fonctionnement des sociétés humaines. Notamment pour celles se targuant d'être "civilisées"...