Le film est beau, c'est incontestable. Malgré une certaine lenteur, le cadre et les enjeux sont bien amenés, on s'y retrouve bien et les codes du western sont intelligemment détournés. La violence est brutale, montrée sans artifices et l'animalité des hommes se conjugue parfaitement avec les terres inhospitalières qu'ils ne font que traverser.
Pourtant, en dépit d'un récit efficace on reste sur notre faim.
A cheval entre la quête épique, la vie des Indiens indigènes et la construction de l'Etat-Nation chilien, trop de thèmes sont abordés pour les approfondir réellement et la visite du représentant présidentiel est venue ouvrir un arc qui ne sera qu'à peine développé alors que c'était celui qui me semblait le plus intéressant, celui que je n'avais jamais vu traité et qui donne sa raison d'exister au film.
A écouter le réalisateur ce n'était pourtant pas son intention, celui-ci ayant préféré se focaliser sur la construction alternative du western en restant dans un carcan cinématographique plutôt que de participer à l'écriture nationale, en pleine reconstruction, de l'histoire chilienne. Il n'a pas semblé faire véritablement corps avec son sujet, donnant l'impression d'être presque tombé par hasard dessus sans en être un passionné, sans avoir véritablement quelque chose à raconter. Le film s'en ressent en manquant de densité, de profondeur et d'engagement.
Une belle promesse, un moment qui reste agréable mais un potentiel inexploité. Frustrant.