Le teen-movie de la rentrée.
Edit suite au visionnage catastrophique de Word War Z hier sur Canal + : je crois que j'ai compris pourquoi les gens rient du personnage de Madeleine (dans le film et dans la salle).
Elle agit d'une façon qui n'est presque jamais montrée dans le cinéma survivaliste, mais qui est parfaitement logique : elle travaille pour sa gueule, pour sa survie à elle. Les autres, elle s'en fout. ET ELLE A RAISON.
En mode survie, les autres sont des boulets qui mettent en danger ta propre vie : la femme qui appelle sur le cellulaire au pire moment, les enfants qui font des crises d'asthmes, le nombre de mecs qui se font trucider parce qu'ils aident les autres, le type blessé qu'il faut remorquer, et (attention, c'est pas très sympa ce que je vais dire) l'enfant, la femme, l'homme qu'on aide à survivre parce qu'on l'aime, souvent au sacrifice de ses propres forces précieuses et de sa ration de nourriture (Cf La Route).
Du coup quand R. Carlyle se barre en laissant sa femme se faire dévorer par les zombies dans 28 semaines plus tard, et qu'elle se venge après en lui inoculant le virus, tout le monde se met d'accord pour dire que c'est un enfoiré d'égoïste et qu'il l'a bien mérité.
Sautf que non : il pense à sa peau. Et ensuite éventuellement il pense à ses gosses. Gosses qui d'ailleurs vont prendre eux même en main leur survie, de façon aussi originale qu'admirable.
Ca ne veut pas dire qu'il n'est pas humain et qu'il ne regrette pas.
Ca veut juste dire qu'il a parfaitement intégré le mode instinctif et sauvage de la survie (Il me semble d'ailleurs que une fois transformé en zombie, on ne le voit pas mourir.)(Ha, si, tué par sa fille. Fair enough).
On ne devrait pas rire de Madeleine ou conspuer R. Carlyle, on devrait suivre leurs exemples, si jamais ce monde disparait.
Voilà, my 2 cents.
Beaucoup de choses drôles, volontairement ou involontairement :
- Le crush un peu pathétique et un peu vain d'Arnaud pour Madeleine : tous leurs dialogues sur ce thème sont jubilatoires, il se fait littéralement casser à chaque fois qu'il lui adresse la parole, sans pour autant adopter une attitude de bon toutou : il comprend rapidement que ça ne fera qu'exarcerber la colère de Madeleine, du coup, il botte en touche, il reste calme, il plante des aiguilles de pin dans le sable et il la laisse venir vers lui quand elle en a envie. Il ne se prive pas non plus, au bout d'un certain seuil d'exaspération de lui dire sobrement mais fermement sa façon de penser : "T'es une chieuse, t'aimes rien, je t'ai calculé, pète un coup ça ira mieux, hé, bécheuse." Il a tout compris, parce qu'il l'aime comme elle est, d'un amour pur et fort, mais qu'il se respecte aussi en tant qu'individu. C'est BEAU comme tout comme relation.
- Le caractère rugueux et abrupt de Madeleine, qui la met en décalage avec l'ensemble de la société : elle n'est pas méprisante, elle ne se sent pas particulièrement supérieure (selon moi), elle a seulement un autre but que les autres, et quiconque se mettra en travers de son chemin sera balayé comme un fétu de paille. Tous ses actes ont une seule justification : rester vivante. Elle est certes fèlée, et obsessionnelle, mais elle est cohérente.
C'est juste que son but arrive trop tôt dans la grande histoire de l'Humanité pour être compris par les gens donc chacune de ses interventions (nage de combat, smoothie de maquereau, interprétation toute personnelle des tactiques militaires, tentative de socialisation) est hilarante. Je me suis souvent sentie très proche d'elle, sans pour autant arriver à mettre précisemment un mot sur ce qui me touchait.
Meilleure punchline :
Une stagiaire de l'armée, observant Madeleine :
"T'es vachement musclée, tu fais quoi ?"
Madeleine :
"De la macro-économie. Bonne nuit."
Je n'oublie pas non plus les militaires, j'en ai cotoyé assez dans ma vie pour constater que ceux du film sont aussi vrai que nature, et que rien n'est exagéré. Tout ce qui est donc drôle parce que tourné en ridicule dans le film est drôle parce que ça existe vraiment.
La mise en place de l'intrigue est cool, le milieu est rythmé la suite en mode robinson est chouette, les emmerdes sont réalistes mais pas assez angoissantes pour qu'on y croit, mais je crois que c'était pas le but, et la fin, heu, un peu loupée quand même à mon sens, mais on sent qu'ils vont probablement mourir ensemble et c'est mignon.
Petit regret, un peu trop de male gazing sur la plastique de Madeleine, je suis certaine que la scène d'amour aurait pu avoir lieu sans ce plan fixe sur le t-shirt mouillé transparent avec les tétons qui pointent. Ou alors faut contrebalancer avec du female gazing et montrer d'avantage de gouttes de sueur qui perlent et roulent sur le torse d'Arnaud avant de se perdre dans les poils de cette zone si érotique qui se mélange entre nombril et pubis. (RAH).
Enfin la BO est super, les fans d'Adèle Haenel reconnaitront Trahison de Vitalic, déjà surexploité dans La naissance des pieuvres (d'ailleurs elle est toujours aussi à l'aise dans une piscine).