On ne se mentira pas, le secteur de la comédie en France est, en grande majorité, intensément lamentable. L'hégémonie actuelle des Dany Boon, Kad Merad & compagnie est déjà le signe d'une médiocrité qui s'est installée depuis très longtemps et qui dure, dure. Et ce n'est pas la percée des Kev Adams, Norman ou autres dans le cinéma qui risque d'arranger les choses. La comédie dans l'Hexagone c'est que du lourd en somme (et pas dans le bon sens du terme). Donc quand une bonne comédie française sort, il faut le signaler. Ce que je fais aujourd'hui avec Les Combattants, premier long-métrage signé par Thomas Cailley.




Qualifier ce film de simple comédie serait cependant bien réducteur. Les Combattants est plus riche et brasse plus de genres que ça. Non pas que la comédie pure soit à blâmer (après tout quand c'est bien fait, c'est bien) mais ici le ton change parfois subitement, ce qui donne lieu à pas mal de surprises d'ailleurs au niveau de la narration.

L'histoire se concentre sur la rencontre entre deux jeunes. Le premier suit son frère dans la reprise de l'entreprise familiale tandis que l'autre est une étudiante parano qui se prépare à survivre à une éventuelle apocalypse. Tout le film traitera justement de cette relation entre ce jeune homme paisible et cette fille un peu folle. Ce postulat de départ pouvait très bien donner naissance à tous les clichés de la comédie romantique niaise et insupportable mais bien heureusement ceux-ci sont habilement contournés.

Il faut tout d'aborder noter le gros point très agréable du film, c'est sa légèreté. A l'inverse de pas mal de comédies où tout est surjoué, maniéré à l'extrême et ponctué de gags bien souvent plus minables les uns que les autres, ici tout est dans la sobriété justement. Il suffit parfois d'une phrase, d'un regard ou d'une réaction tout à fait banale mais authentique pour déclencher le rire. Ce qui montre à la fois un véritable talent d'écriture et d'interprétation.

C'est un film qui confirme que j'aime définitivement la simplicité, surtout en matière de comédie. On peut prendre l'exemple d'Intouchables récemment dont l'aspect comique avait été plutôt bien réussi mais qui était passablement alourdi par un côté socio-familial plus écrasant qu'autre chose. Dans les Combattants pas de tentative de faire pleurnicher et pourtant l'aspect dramatique est bien présent, l'un des personnages a perdu son père et est en manque de repères, l'autre semble dépourvu de sensibilité mais justement ces aspects-là n'empiètent pas sur le récit de manière balourde car ça ne s'attarde pas dessus. Pas de violons ou de musique au piano triste comme dans Le Rôle de ma vie en gros, le film assume sa légèreté.




La musique justement est agréable. Douce, entraînante, pas omniprésente. Une bonne composition qui contribue à créer l'atmosphère sympathique du film. Comme je l'ai mentionné en vitesse précédemment, l'interprétation est de qualité. Adèle Haenel montre une fois encore qu'elle est une valeur montante dans un paysage cinématographique français qui manque malheureusement de figures féminines charismatiques ces derniers temps.
A ses côtés, le jeune Kévin Azaïs est épatant de naturel en jeune de 17 ans pas forcément très intelligent mais qui a du coeur. Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus avec le lieutenant instructeur aux répliques incisives qui est vraiment hilarant ainsi que le pote mollasson du début dont le (qui joue dans cette horreur qu'est Soda d'ailleurs. Comme quoi on peut jouer dans Soda et être bon. Suivez mon regard...)

Après, bien sûr, le film n'est pas exempt de défauts. Le dénouement est, pour ma part, un peu décevant d'autant plus que 10 minutes avant le film basculait dans une séquence pour le moins inattendue et brutale avant de se terminer de manière un peu simpliste pour le coup. C'est aussi un peu le problème global du film, on a un rythme pas forcément maîtrisé. Autant chaque séquence se suit et ne ressemble pas, autant l'intérêt n'est parfois pas aussi fort. Le film souffre d'un passage à vide après une heure où l'histoire commence à tourner un peu en rond. Après ce n'est pas forcément très gênant dans la mesure où ça ne dure pas longtemps mais cette baisse d'intensité est un peu regrettable.

D'un point de vue purement formel, ça tient la route. Même si certaines séquences sont moins inspirées que d'autres, on a un travail globalement propre avec quelques plans-séquences pas désagréables. Puis le réalisateur a le bon sens de ne pas placer des effets de style inutiles, ce qui est très appréciable. Le passage dans l'armée est peut-être le passage le plus classique du film mais il se joue parfaitement des clichés et propose également des instants très drôles. La réplique du Flamby devrait rester je pense. C'est aussi la force du film, arborer et revendiquer un côté classique tout en proposant quelque chose de frais et plutôt ambitieux malgré tout.

Original et fort sympathique, Les Combattants est la bonne petit surprise de cette fin d'été. Avec son duo d'acteurs étonnant, sa narration pleine de surprises et son humour bien dosé, ce film est tout à fait recommandable. Les quelques petits défauts ne gâchent pas un visionnage d'ensemble très agréable. Simple et efficace tout en étant parfois osé, ce film prouve qu'en France on sait quand même faire de la comédie sans en faire des caisses. Un nouveau réalisateur à suivre j'espère, après toutes les qualités de ce premier long-métrage ce serait dommage de se priver de films de cet acabit à l'avenir.
Moorhuhn
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le 9 sept. 2014

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