Une excellente surprise. Le film alterne les défauts de réalisation lambda de l'époque (jeu affecté, lenteurs, platitude de certaines scènes) avec d'excellents moments, dans une mise en scène maîtrisée.
Il présente avec une grande authenticité toute la violence de la situation des prostituées des années 50. On y retrace la destinée de ces femmes sous le joug d'un réseau de proxénétisme. D'après le carton d'introduction, c'est un film d'édification. C'est pour cela qu'on y voit tout un panel de profils (une marginale résignée, une prostituée trop vieille, une jeune fille naïve embarquée par un rabateur...), et les différents sévices qu'elles peuvent endurer. Mais ne croyez pas qu'un tel projet fasse de ce film une de ces fictions "utiles" du niveau d'un téléfilm : nous sommes face à du vrai cinéma.
Certaines scènes sont véritablement glaçantes. On est très loin de la bienséance "qualité française"! La violence physique, verbale et psychologique, l'emprise du proxénète Jo Verdier vous coupent le souffle, Raymond Pellegrin l'interprète au rasoir. Et la duplicité mielleuse de ses complices est tout aussi effrayante.
Par moments, les répliques des filles, empreintes d'une ironie amère sur leur situation, sont brillantes autant que grinçantes. Par exemple, le récit enjolivé de l'enfance de l'héroïne principale, en disjonction avec les images de maltraitance.
C'est donc un film à voir pour les amateurs de thrillers et de cinéma social des années 50.