Critique initialement publiée sur le site le con, le culte et les écrans


Curieux conflit que celui en Indochine à la sortie de la deuxième guerre, aussi tabou qu'inconnue c’est pourtant le cadre du dernier film de Guillaume Nicloux. On y suit un Gaspard Ulliel magistral qui va chercher a se venger d'un massacre dont il vient à peine de s'échapper.


De ce postulat fort simple, Nicloux pose les bases d'une suite spirituelle à Apocalypse Now. Un Apocalypse Now qui démarre avec un héros déjà brisé et déjà fou. L atmosphère est poisseuse , la sueur de chaque plan, la crainte de l'attaque dans tous les regards. Véritable cauchemar éveillé, le film est d'une violence (graphique comme psychologique) rare, On y voit pèle-mêle une scène de viol, de la tripaille à outrance, des sexes dressés et au repos et un "cauchemar" à base de pédophilie. Pour autant, Nicloux maîtrise sa mise en scène et son sujet et empêche ainsi le film de sombrer dans le grotesque. On est en haleine, le souffle coupé, forcé de contempler une part peu reluisante d'un pays, le notre, qui est embourbé dans la crasse.


Bon film de guerre un peu classique en apparence, les confins du monde est transcendé par une narration faisant appel à un Gérard Depardieu fantomatique et magnétique. Boussole morale ou escroc fabuleux , Nicloux a le bon goût de nous laisser choisir.


Et puis, après les balles, après le sang, après l'amour, le film offre deux minutes de silences. Un seul plan. Fixe. Ulliel et ses choix.


On peut bien entendu détester les confins du monde, lui reprocher sa violence fantasmée, ses dialogues abscons et sa mise en scène dépouillé.


On peut aussi l'adorer comme le grand film ambitieux qu'il est. Un grand film qui non content de citer ses pairs à longueur de plan, les transcende pour accoucher d'un hybride entre Mel Gibson et Kubrick.
Welcome to the jungle, it gets worse here every day...

AdrienGarraud
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2018

Créée

le 17 oct. 2018

Critique lue 853 fois

4 j'aime

1 commentaire

Adrien Garraud

Écrit par

Critique lue 853 fois

4
1

D'autres avis sur Les Confins du monde

Les Confins du monde
Velvetman
8

Only God Forgives

Comme dans Valley of Love, le personnage de Les confins du monde est à la recherche d’un fantôme initiatique. Guillaume Nicloux sonne le premier électrochoc du festival de Cannes 2018, dans la...

le 7 déc. 2018

31 j'aime

5

Les Confins du monde
Theloma
4

Voyage au bout de l'ennui

N'est pas Coppola ou Cimino qui veut. Le projet de Guillaume Nicloux ne manquait assurément pas d'ambition : le récit de ce soldat meurtri, Robert Tassen - qui en pleine guerre d'Indochine se met en...

le 21 déc. 2018

20 j'aime

19

Les Confins du monde
mymp
5

Jungle fever

Après le désert (Valley of love) et la forêt (The end), voici la jungle, nouveau terrain de jeu pour Guillaume Nicloux qui clôt, avec Les confins du monde, une trilogie sur l’errance intérieure...

Par

le 10 déc. 2018

13 j'aime

1

Du même critique

Jeux de pouvoir
AdrienGarraud
8

Un puits de fond...sans forme.

Texte initialement publié sur Le con, le culte et les écrans. Jeux de pouvoir, ou State of Play, pour les anglophones est une mini-série britannique en 6 épisodes qui a connu une adaptation filmique...

le 12 mai 2016

5 j'aime

Les Confins du monde
AdrienGarraud
8

Égaré dans la vallée infernale.

Critique initialement publiée sur le site le con, le culte et les écrans Curieux conflit que celui en Indochine à la sortie de la deuxième guerre, aussi tabou qu'inconnue c’est pourtant le cadre du...

le 17 oct. 2018

4 j'aime

1