Cela faisait longtemps que l'on m'ennuyait pour que j'aille rejoindre quelques fondus des salles obscures histoire de partager un film dans une petite salle limite miteuse, toute petite et où nous étions très certainement les seuls "jeunes" présents à vouloir se taper un film qui a maintenant soixante ans, en VO (parfois un peu foireuse) et en noir et blanc.
Alors, nous nous installons, et puis le film commence, la musique nous chatouille l'oreille, immortelle, dense, le temps ne lui a pas donné une seule ride.
Les cadres sont magnifiques, la caméra se déplace avec fluidité et au millimètre, une scorie tout de même mais l'histoire se met en place lentement, paisiblement en nous faisant partager le quotidien des quatre personnages principaux. Et puis, sans trop s'en rendre compte, nous rentrons dans l'histoire avant d'arriver, doucement, paisiblement (peut-être un peu trop pour certain) vers sa conclusion imparable.
Alors, techniquement, cela l'est, c'est strictement imparable. Les cadres, les mouvements, les plans séquences pendant lesquels le cadre reste strictement organisé, la beauté démodée de certaines scènes (dans le brouillard) donne vraiment un ton à ce métrage.
Mizoguchi raconte son histoire de rêve inaccessible, et compense le manque de moyen technique par des idées, superbes au demeurant, pour instaurer son ambiance.
Des défauts sont présents, quelques scories techniques, une lenteur rebutante pour certains ce qui est tout à fait compréhensible, et le jeu des acteurs un peu bancal parfois. Comme il a été dit au cours de "l'après-scéance", c'est aussi une question "d'ouverture d'esprit" sur le moment, parce que mis à part être un cinéphile chevronné, il est difficile d'admettre certaines choses et le fait d'étirer le début ne facilite pas nécessairement l'immersion.
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