Revoir "les Contes de la Lune Vague" aujourd'hui, alors que notre connaissance et compréhension du cinéma nippon "classique" et de Mizoguchi en particulier a été multipliée, nous expose à une vraie surprise : si l'on retrouve, éblouis, le sens - indiscutablement génial - de la mise en scène et de l'image du grand maître, le film - considéré, rappelons-le, comme l'un des plus grands chefs d'oeuvre du 7ème Art - surprend encore par la complexité presque "théorique" de sa narration - pleine d'ellipses - comme de ses thèmes. Car l'on retrouve ici mêlés à l'habituelle compassion mizoguchienne pour les gens de peu, pour les femmes en particulier, écrasés par une société brutale, un travail de réécriture de l'univers des contes traditionnels japonais (les fantômes...), ainsi qu'un souci d'expérimentation quasi maniaque sur la forme (photo, musique, rythme) qui radicalise, tout en douceur, le film. Et qui le transforme en une expérience parfaitement saisissante, donc. [Critique écrite en 2008]