Au début, la comédie de Norbert Carbonnaux est une inoffensive satire de la publicité qui crée artificiellement le vedettariat et modèle les goûts et les envies du public. Ce thème est illustré par une histoire hautement saugrenue et dans un style somme toute très personnel dont on ne trouvera pas l'équivalent dans la production comique, souvent sotte, des années 50.
Avec Duvaleix, Raymond Bussières forme un duo de chanteurs de rue sans audience et il convaincu que le succès ne viendra que d'une action d'éclat relayée par la publicité. Pour ce faire, il imagine de couper les arbres du bois de Boulogne pour construire un radeau! Voilà pour l'explication du titre mystérieux du film, dont on ne dévoilera pas davantage l'improbable intrigue...
Candide, burlesque, le film apparait tout à la fois insolite, voir étrange, et maladroit; Ses digressions, ses ellipses donnent à la mise en scène (et au découpage) l'aspect de l'incohérence la plus farfelue. On sent à travers ce récit joyeusement foutraque -qui manque trop, au demeurant, de causticité, d'ironie, pour amuser le spectateur d'aujourd'hui- une fantaisie et une liberté assumées qui éloignent la comédie du nanar dont elle a parfois les accents. L'extravagance et l'ingénuité du sujet confinent à d'autres moments à une sorte de poésie loufoque.